who's bad ft. TJ baby

Cece leva les yeux au ciel et serra des dents pour contenir son agacement lorsqu’elle lut le sms de TJ. Elle ne savait pas ce qui la décevait le plus, que Léo se retrouve au milieu d’une bagarre et ne tienne pas son rang ou qu’il soit obligé d’avoir de l’aide de quelqu’un pour s’en tirer. Le plus important, ce qui la rassurait, était que son petit-frère aille bien, autrement TJ ne lui aurait pas fait de proposition salace, mais l’aurait mis au parfum directement. Céleste posa ses lunettes de lecture sur la table de chevet qui était intégrée à sa méridienne baroque importée d’Italie et se dirigea vers le garage de la demeure des Beaumont, pour sauter dans son SUV et filer au centre-ville retrouver TJ. Le jeune homme était son ex petit-ami, ils s’étaient rencontrés au lycée. Il était débarqué d’Angleterre et Cece savait qu’elle n’était pas le seul à trouver son accent craquant, toutes les filles et les homosexuels de Hillsboro High en pensaient autant. Par conséquent et tout naturellement, il lui revenait d’office. Il avait été son premier petit-ami et elle l’avait adoré, pas uniquement pour l’admiration que leur couple quasi sacré provoqué dans la cour royale du lycée, mais pour tout le reste … son caractère atypique aussi. Il lui plaisait tellement que Cece avait toujours mis un point d’honneur à ne pas s’offrir à lui, préférant baiser en secret son professeur de littérature et parfaire son dossier scolaire déjà irréprochable, que se donner au seul garçon pour qui son cœur chavirait. Cela n’avait de sens que pour elle et son esprit tordu, mais elle avait gagné au jeu de la frustration et même des années plus tard, si l’envie de lui était toujours à son sommet, sa volonté de ne pas céder restait intacte et elle était la première à en pâtir. Les habitudes, encore plus quand elles étaient mauvaise, avaient la vie dure. Sa relation avec TJ n’avait pas changé depuis leurs années lycée, parfois teintée de désir, autrement d’un profond respect ou encore de jeux malsains auxquels ils s’adonnaient avec plaisir, comme de parfaits Sébastien Valmont et Catherine Merteuil.

Elle s’humidifia les lèvres quand elle vit la silhouette au loin de TJ et trouva rapidement une place pour se garer à proximité. Elle sortit de son imposante voiture noire, aux vitres opaques et se dirigea vers lui qui était assis sur un banc, visiblement en train de l’attendre. Le sang et la gueule cassée ne faisaient qu’empirer ses airs de dandy mal élevé, son côté racaille des beaux quartiers qui avait toujours fait craquer Cece. «Tu n’as pas l’air d’être en si mauvais état… » lui dit-elle en s’approchant dans la pénombre. « J’ai presque l’impression que tu prends du plaisir ! » conclue-t-elle sur un ton enjoué, une fois suffisamment rapprochée, se stoppant face à lui, son alter égo, son double.

T'es installé sur ce banc près du Falcon Bar, ton nez a arrêté de saigner mais tu sens ta pommette gauche endolorie, ce type t'as pas loupé, il t'a mis un crochet du droit parfaitement paramétré. Pour ta défense vous vous en êtes pas trop mal sorti. Ils ont fini tout aussi amôchés que vous. T'as aucune idée de pourquoi tu t'es lancé dans cette bagarre à la con, t'as jamais été du genre justicier, t'en as rien à foutre de la veuve et de l'orphelin, mais ce pauvre Léo s'était foutu dans de beaux draps. Deux contre un, c'était pas juste. C'est tout. C'est pour ça que t'es intervenu. Rien à voir avec la trace de coc que t'as pris dix minutes avant et qui t'ont fait poussé des ailes. Sûrement pas.
Finalement tu lui en es presque reconnaissant maintenant à ce petit Beaumont. Cece va te rejoindre. Et ça, c'est bien. T'es en descente mais t'as envie de boire un verre, t'as pas envie de rentrer chez toi tout de suite, t'aimes pas terminer ta soirée sur une défaite. Tu lui as envoyé un message pour lui dire que t'avais besoin d'elle et elle arrivait. T'es entrain de fumer une clope lorsqu'elle sort de sa voiture et qu'elle s'approche de toi. Aaah, Cece. Qu'est-ce qu'elle t'a rendu dingue. T'as toujours aimé ses airs de bêcheuse et avec du recul t'aimes aussi le fait qu'elle t'ait toujours résisté, que tu te sois encore jamais glissé entre ses cuisses. C'est pas faute d'essayer depuis dix ans. Cece Beaumont était typiquement ton genre de nana : joli petit cul, des airs de sainte-nitouche bourgeoise, intelligente, caractérielle, aguicheuse. Putain, ce que t'aimes la voir débarquer avec ses grands airs et ses yeux de biche. Tu te lèves quand elle arrive à ta hauteur, tu jettes le mégot de ta clope par terre et tu ris légèrement en entendant ses premières paroles.
-Salut beauté... Crois moi, si ton frère avait pas été tout seul contre ces deux connards, je me serais contenté de le regarder faire, tu souffles.
T'attrapes son poignet pour l'attirer vers toi, tu lui accordes ton plus beau sourire. T'aimes bien jouer à ça avec elle, l'embêter un peu. Tu lèves le menton en l'air :
- Est-ce que tu me trouves toujours aussi beau ? tu lui demandes, amusé, avant de baisser les yeux vers elle. Tu passes ton bras autour de ses épaules pour la diriger en direction du bar, il fait trop froid dehors pour rester à l'extérieur et t'as définitivement besoin d'un verre. A moins que... Tu viens à l'appart ? J'ai tout ce qu'il faut pour qu'on passe une soirée des plus... divertissantes !