Non, on ne va pas faire un remake de Brodeback Mountain [ft Papounet Elio]

Elio & Noah // Non, on ne va pas faire un remake de Brodeback Mountain

Promenons-nous dans les bois.

Le réveil sonne, je l'envoie valser à travers la pièce. Pourquoi dois-je me réveiller si tôt un samedi matin déjà ? Ah oui, c'est vrai, avec papa on a décidé d'aller camper ce week-end. Je pense que mon père espère que cela améliorera les relations entre nous. Pour être tout à fait honnête avec vous, je l'espère également. Je me redresse dans mon lit et reste assis un instant, pour me réveiller complètement. Mon regard se perd sur une photo qui trône sur le meuble en face de moi. Sur le cliché, il y a deux personnes, papa et moi. J'avais cinq ans à l'époque et j'étais juché sur les épaules de mon père. Nous étions à une fête foraine, sans doute avec mon parrain puisque ma mère ne sortait que très peu avec nous. J'étais heureux à cette époque là, mon père et moi étions très proches. Je sais que la situation entre nous s'est dégradée par ma faute. Je lui fais du mal et je m'en veux, mais vous savez ce qu'on dit, quand on ne va pas bien, on s'en prend toujours aux personnes qu'on aime...et j'adore mon père. Oui, je sais, c'est étrange d'entendre cela de ma bouche quand on sait le comportement que j'ai avec lui depuis quelques temps, mais j'espère sincèrement qu'un jour on réussira à retrouver la complicité que nous avions. Je crève de trouille à l'idée de le perdre, pourtant je fais tout pour l'éloigner de moi...je suis un vrai paradoxe à moi tout seul.

Je me décide enfin à me lever et je file sous la douche. Une fois propre et habillé, je descend dans la cuisine avaler mon petit-déjeuner. Papa n'est pas là, son bol dans l'évier me fait penser qu'il doit être avec les chevaux. Je termine mon petit-déjeuner et fais la vaisselle puis je remonte pour terminer de préparer mes affaires. Une fois mon sac prêt, je regarde autour de moi pour voir si je n'ai rien oublié. J'éteins mon téléphone portable, mais je l'emmène tout de même avec moi, on ne sait jamais.

Je sors ensuite de la maison. Papa est effectivement là, il me tourne le dos pour le moment, il est avec les chevaux. Je pousse un petit soupire triste, Noah, quand arriveras-tu à lui parler ? Je me recompose un visage neutre, puis j'avance vers mon père. Pour ne pas l'effrayer, je mets ma main sur son épaule pour le faire se retourner. Je regarde mon père puis décide de lui apprendre, sans rien dire qu'à présent, je parle la langue des signes...pas encore très bien, mais je me débrouille. Du coup, je signe quelques mots.

- Où est-ce qu'on va exactement ?

Première surprise de la journée, je ne lui avais jamais dit que j'apprenais ça.

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Promenon-nous dans les bois.

Je m'étais levé tôt ce matin, comme tous les matins depuis des années. Cependant aujourd'hui, c'était une journée spéciale. On me voyait que très peu sourire, Dimitri, le premier fut surpris de voir empiler les bottes de foin avec ce grand sourire de bien heureux. Pourquoi, ce sourire ? Je partais camper avec la chair de ma chair dans quelques heures. J'avais tout préparé la vieille. La voiture était pleine à craquer pour qu'on ne manque de rien, mais surtout pour qu'il ne manque de rien. Je voulais vraiment lui montrer que je pouvais faire des efforts. J'avais même remis à sa place le magazine pornographique - clairement pas de son âge - sous son matelas, comme Dimitri me l'avait conseillé. En le découvrant, j'avais failli exploser prêt à l'attendre pour le confronter, mais mon partenaire de toujours m'avait rappelé qu'on avait tous droit à son jardin secret. Mon petit Woody - comme j'aimais l'appelé depuis sa phase Toy Story où il courrait dans tout le ranch avec son chapeau de cow-boy sur la tête - avait bien grandi. Il n'était plus mon petit bébé. Il devenait un homme et je devais l'accepter. Je n'avais plus le droit de lui dire que son parfum me manquait quand il acceptait de me prendre dans ses bras. Que ses rires, même si je ne pouvais pas les entendre, quand je venais mordiller ses côtes avec mes dents me manquaient. Mon petit Woody était un adolescent à présent.

Je donnais les dernières instructions à Dimitri pendant nos deux jours d'absence quand il me signala sa présence dans mon dos. Je me retournais et fut surpris de voir mon Woody signer. Il avait toujours refusé que je lui apprenne. J'aurais pu en pleurer de joie, mais un père cela ne pleure pas. L'ancien père que j'étais aurait pu signaler à Noah ces erreurs et le remettre à sa place de façon un peu sec. Non, pour l'humilier, mais toujours pour le pousser à être meilleur.

Je ravalais mes remarques et décidais à mon tour de faire des efforts.

# Tu m'impressionnes. On va camper au Lac dans la montagne. Tu sais où on avait passé cet été quand tu avais dix-ans ? Rien que nous deux et une tonne de chamalllow à faire griller ? #

Je montais à l'avant du véhicule et invitait Noah à monter à côté de moi. Je déposais une carte de la route sur ses genoux.

# Pas de gps. Tu vas me guider. Si tu veux bien ? #

J'avais aussi mes surprises. Je voulais lui montrer que je lui faisais confiance à présent. Que j'étais prêt à ne plus le traiter comme un enfant. Je lançais le moteur en tournant les clefs de contact et saluait une dernière fois Dimitri. Je laissais Noah choisir la chaîne de radio où mettre sa musique de son portable. Ce qui était bien avec un parent sourd c'est qu'il ne se plaindrait jamais de la musique que pourrait écouter sa progéniture.

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Promenons-nous dans les bois.

Je me doutais bien que j'avais dû commettre quelques erreurs dans mes signes, ainsi que je le disais, cela ne fait que très peu de temps que je m'y suis mis, mais je voulais me perfectionner. Peut-être que si je demandais à papa si il pouvait m'aider à apprendre cette langue cela nous rapprocherait peu à peu ? Je ne sais pas. Une petite rougeur se profila sur mes joue lorsque mon père me dit que je l'impressionnais. Je signais un "merci". Lorsqu'il évoqua le lac où nous nous apprêtions à nous rendre, un sourire immense prit place sur mon visage. J'avais de si bons souvenirs dans cet endroit. Je hochais positivement la tête et pour répondre, je signais le début de ma phrase, mais la terminait en parlant.

#Bien sûr que je m'en souviens. Tu éviteras naturellement de sauter# sur la moitié des chamallows qui devaient me revenir...comme tu l'as fait la dernière fois.

J'eus un petit sourire amusé à la fin de ma phrase. Je pris place à côté de mon père et fut très agréablement surpris lorsqu'il me posa la carte sur les genoux. Ainsi je serai co-pilote aujourd'hui. Je souris en acquiesçant. Aujourd'hui, j'ai l'impression de revenir en arrière, comme si cette dernière année n'avait jamais eu lieu, comme si je ne m'étais jamais comporté comme un petit con avec lui, c'est triste de se dire que dès que je serais de retour en classe, je subirai à nouveau l'influence de mon groupe de potes. Le plus triste dans l'histoire, c'est que j'en suis conscient, mais que je ne fais rien pour changer les choses.

Papa a démarré. Je prend avec beaucoup de sérieux le rôle qui m'est attribué pendant tout le trajet. Heureusement, nous n'avons pas trop de route à parcourir, environ une heure si mes souvenirs sont exacts. Le trajet se passe sans encombre, et nous arrivons enfin à destination. Nous descendons de voiture et je laisse un instant mon regard se perdre sur le paysage qui est devant nous. C'est vraiment magnifique. Je commence à vider la voiture pour sortir de quoi établir notre campement. Je me redresse, regardant mon père, je signe quelques mots.

#Papa, tu voudras bien...quand tu pourras...m'aider à apprendre la langue des signes ? Je me doute que certains gestes que je fais ne sont pas forcément bien effectués, et j'aimerai vraiment la connaître correctement.#

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Promenon-nous dans les bois.

Je ne pouvais m'empêcher de le trouver touchant avec ce rouge à ces joues. J'aurais voulu les embrasser. Les embrasser comme je le faisais avant de devenir ce père bien trop collant. Je n'étais plus le père vers qui il venait se blottir les soirs d'orages, demandant une place dans le lit. Il n'était plus l'enfant que je menais à l'école et pourtant il était ce bout de moi. Ce bout qui me rendait si fier et si heureux. Je ne peux m'empêcher de rire et de venir passer mes mains dans ses cheveux. C'est vrai que j'étais gourmand et que nous aimons faire ses concours de gros mangeurs même si on terminait tous les deux avec un énorme mal de ventre.

# Pour cela, il vaudra me les retirer de la bouche avant. #

J'étais prêt à battre pour cela. Non, pour lui faire de mal. Jamais je n'avais levé la main sur Noah. Il avait été puni comme tous enfants, mais j'avais toujours préférer les punitions à la violence physique. Mais, là j'étais prêt à me battre à coup de chatouilles comme j'aimais lui faire quand nous jouons ensemble dans le jardin. J'adorais voir sa bouche se tordre de rire. C'était pour moi la plus belle choses au monde.

Le voyage se passa tranquillement. Nous n'avions que deux heures à faire et ce fut rapide. Je connaissais la route par cœur et les paysages étaient magnifiques. Une fois, arrivé, je vidais la voiture avec Noah pour d'abord nous occuper des tentes avant que la nuit tombe. Je lui avais préparé une autre surprise, mais mon fils me coupa l'herbe sous le pied en me surprenant à nouveau.

J'étais fier de voir mon fils faire autant d'effort, mon petit cœur d'ours loupa un battement. Je m'approchais et prit sa main pour l'aider à mieux former le mot : "correctement"

# Là, c'est mieux. Sinon, tu signais : concrètement. Mais, qui t'a appris ? Ton parrain ? Un autre garçon ? #

Je sautais peut-être les deux pieds dans le plat, en essayant de savoir si mon fils ne s'était pas rapproché d'un garçon. Peut-être que c'était un garçon de sa bande ? Puis, je me tournais vers le coffre. En général, je ne prenais toujours qu'une seule tente, mais aujourd'hui je lui donna une tente pour une personne que je mettais dans ses bras.

# Tiens, maintenant tu es un grand, tu n'as plus à dormir avec ton vieux père. Tu pourras comme cela avoir ton intimité. #

Cela me tuait de me dire que je ne pourrais avoir mon fils qui dormirait à côté de moi. Je me souvenais de cet hiver si froid où Noah s'était glissé dans mon sac de couchage tout grelottant pour profiter de ma chaleur. C'est des moments que je ne pourrais jamais oublier, mais je comprenais que mon fils avait besoin de son espace à présent. Il avait besoin de son intimité. C'était un adolescent. J'espérais que cette initiative lui ferrait plaisir.

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Promenons-nous dans les bois.

Qu'est-ce que j'avais pu adorer tous ces moments que mon père et moi avions passé à camper, loin de tout, cela avait crée entre nous une très grande complicité, mais cette complicité se perdait peu à peu et cela me faisait mal. Je savais bien que j'en étais le responsable, mais comment revenir en arrière ? Comment faire comprendre à mon père que quand je me comporte mal avec lui c'est plutôt un appel au secours que je lui lance qu'une réelle preuve d'irrespect ? Je roulais des yeux à la réflexion de mon père, un petit sourire amusé sur le visage.

- Ouais bah pour ça il faudra que tu réussisses à les choper avant moi.

Pourquoi avais-je voulu apprendre la langue des signes ? Pour me rapprocher de papa, pour lui montrer que malgré le fait qu'en ce moment lui et moi on s'éloigne un peu, il reste toujours une des personnes la plus importante de mon existence et que rien ne changera jamais cela, peu importe que je sois un petit con avec lui en ce moment. Il faudrait au moins que je réussisse à lui dire cela. J'eus un petit sourire lorsqu'il changea la position de mes mains pour former correctement le mot que je voulais dire.

- Ah oui, merci. #Non, rien de tout cela, j'ai appris ça en...en regardant des vidéos sur...internet. Papa, tu...tu ne veux pas savoir pourquoi après seize années je me décide enfin à apprendre la langue des signes ?#

Oui, il fallait au moins que je réussisse à lui dire cela. Je ne me suis pas du tout interrogé sur le pourquoi il avait évoqué le fait qu'un autre garçon aurait pu m'apprendre la langue des signes. Cela aurait pu être une fille...non, je ne me suis pas arrêté à cela. Je n'ai pas recherché de message caché dans sa phrase. Ensuite, papa me donna une tente. Une tente pour moi tout seul. Cela changeait, d'habitude on aurait dormi dans la même. Quoi ? Je l'ai déçu à ce point qu'il ne veut même plus partager une tente avec moi. Mon coeur se serra un peu, je tentais toutefois de ne rien en laisser paraître et pour une fois je fus content que mon père ne puisse pas entendre l'intonation de ma voix, qui tremblait un peu quand je lui répondis.

- Merci. Alors passons à la partie que j'aime le plus dans le camping....monter la tente. Tu me donneras un coup de main si j'ai besoin histoire que je puisse dormir dedans avant demain matin, hein ?

Un sourire factice sur le visage, je me détournais rapidement pour commencer à installer ma tente, ravalant rapidement la boule qui se formait au fond de ma gorge.

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Promenon-nous dans les bois.

Je ne voulais pas aller trop vite avec Noah. Tout cela était si surprenant. Nous avions passés des années à être en froid. Surement, par ma faute, je pense. J'étais un père qui n'arrivait pas à couper le cordon et je savais que parfois j'en faisais trop. Je devais lui donner de l'espace et le laisser respirer. Je plongeais mes yeux dans les siens. J'étais très impressionné de savoir qu'il avait appris seul grâce à des vidéos sur internet. Il venait de me titiller et je mourrais d'envie de savoir le pourquoi du comment. Je passais une main dans mes cheveux et finalement j'osais lui poser la question.

# Dis moi ? Si, bien-sûr, que je veux savoir.#

Tous signes, même minuscules qu'il faisait vers moi me réchauffait le cœur. Je voulais que les choses s'arrangent. J'étais prêt à couper le cordon et laisser mon Woody prendre son envol. Je pensais lui faire plaisir pour la tente, mais je vis dans les traits de son visage que quelque chose n'allait pas. Je n'ai rien dit pour pas le brusquer et je décidais de hocher la tête pour le rassurer. Bien-sûr, que j'allais l'aider.

Je commençais pas installer la mienne et laisser faire comme un grand. Pour moi, ce fut plié en une dizaine de minutes. Ce fut une promenade de santé. Je profitais même du temps gagné pour allumer le feu au milieu du campement. J'avais rapporté du café et du chocolat pour boire. Je mis les deux liquides à chauffer dans des casseroles et je revenais vers mon aventurier. Je posais une mains sur son épaule et le forçait à se retourner pour lui parler et non signer.

- Tu veux que je t'aide ou tu veux bien dormir encore avec ton vieux père ? Tu sais que j'ai peur tout seul le soir ? Il y a des ours dans la région.

C'était un pieux mensonge. Je n'avais jamais vu d'ours en trente-ans. Malheureusement, ils étaient chassés. J'aurais été content que Noah accepte de dormir encore avec moi, mais je ne voulais pas revenir vers mes anciens travers. Je le laissais réfléchir et revenais avec une tasse de chocolat chaud que je lui tendis. L'hiver était tombée sur la montagne et il ne faisait pas chaud. Je refermais légèrement le manteau et remontait son col de peur que mon Woody attrape froid.

- Je suis content que tu es accepté de venir. Je t'aime, mon Woody.

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Promenons-nous dans les bois.

J'étais un ado et par définition, j'étais plutôt instable, je soufflais le chaud et le froid en permanence, cela ne devait pas être facile de me suivre, moi-même je ne me comprenais pas parfois. En fait, j'avais les réactions normales d'un ado envers son père, enfin ce n'est pas tout à fait vrai, tous les garçons ne se rendent pas compte qu'ils sont gays, parce que c'est vraiment cela le fond du problème, ça et la peur du rejet. J'aimerai pourtant tellement que les choses redeviennent comme avant entre papa et moi....euh à quelques différences près bien sûr, je me souviens de son côté "papa poule" hyper protecteur...ce serait bien sil il pouvait l'atténuer ce côté là, mais au moins à l'époque on passait pas notre temps à se disputer. Je m'étais décidé à avouer à mon père la raison de mon apprentissage de la langue des signes. Naturellement, étant ce que je suis, je n'ai pas commencé par la vraie raison. Je le regardais donc en ayant un petit sourire et signais quelques mots.

#Parce que c'est la top classe#

Je repris ensuite un air sérieux et secouais négativement la tête pour lui signifier que ce n'était pas vraiment la raison. Je mis assez longtemps pour signer la phrase qui allait suivre, parce qu'elle était faite de mots assez compliqués pour moi, compliqués à signer, mais aussi compliqués parce qu'ils avaient une signification forte.

# C'est avant tout parce que je voulais...te faire comprendre que...bien que ce soit un peu tendu entre nous en ce moment...je t'aime toujours papa...peu importe ce que je peux te dire...quand on se dispute...C'est juste que je vis une période un peu compliquée en ce moment...et je n'ai pas encore...le courage de t'en parler...ça viendra un jour, mais...laisse-moi un...peu de temps. #

Ensuite, nous nous occupons de monter nos tentes. Naturellement, papa a moins de difficultés que moi. J'essaye, mais je me retrouve empêtré dans la toile et je grogne souvent. Lorsque je sens la main de mon père sur mon épaule, je sursaute et me retourne. Je souris quand je l'entends parler et je ne peux m'empêcher de rire franchement lorsqu'il me parle des ours. J'allais lui répondre, mais il se retourna pour aller chercher les boissons. Alors qu'il s'était éloigné, je réfléchissais à la possibilité de dormir sous la même tente que mon père. Si mes potes étaient là, nul doute que je n'aurais même jamais songé à cette éventualité, mais ils ne sont pas là et honnêtement, j'avais vraiment besoin de sentir que papa était là...je me sentais tellement paumé en ce moment.

Mon père me tendit une tasse de chocolat chaud. Je le remerciais et le laissais me couvrir, je ne pus m'empêcher de rouler des yeux, mais je ne dis rien. La dernière phrase de mon père me fit venir les larmes aux yeux, cela faisait tellement longtemps qu'il ne me l'avait pas dit. Sans rien dire de plus, je me jetais dans ses bras, en faisant attention à sa tasse et à la mienne bien sûr. Je restais un moment comme ça, puis je m'écartais un peu pour le regarder.

- J'aimerai bien qu'on dorme dans la même tente.

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Promenon-nous dans les bois.

Je souriais avec délice ce qui était rare pour moi. J'étais devenu à ma décharge ce père de facile difficile à cerner et plutôt austère. Je ne souriais pas souvent et je savais que cela pouvait peser les épaules de Noah. Je savais qu'il avait autre chose que j'avais aussi arrêté de faire. Je décidais de rompre le charme et de prendre Noah dans mes bras pour le remercier de faire autant d'effort. J'étais fier de cet homme en devenir. Il me donnait courage en l'avenir. Il était clair qu'après tout cela je ne pourrais plus le voir comme un enfant. Il avait gagné mon respect.

Que pouvais-je répondre à tant de sincérité de sa part ? Je terminais de le serrer dans mes bras pour signer à mon tour avec cette petite larme de père fier quand il regardait son fils.

# Prends ton temps, mais sache que tu peux tout me dire. Je t'aime, Noah. Je t'ai aimé à la première seconde où tu as pleuré dans mes bras. Je me suis promis de toujours te protéger et d'être là pour toi. Je m'étais promis d'être le meilleur père de cette terre n'est jamais vu. Je sais que je n'ai pas été parfait, mais je sais que je peux me rattraper. Donne-moi une chance de me rattraper et tu ne le regretteras pas. #

J'aurais pu en pleurer, mais mon fils me connaissait. Je n'étais pas fait de ce bois. J'étais beaucoup moins sensible. J'étais ce roc un peu froid contre lequel on se brise les os à force de frapper pour le voir réagir. J'étais prêt à travailler sur quelques points de mon caractère.

Je me servais pour ma part un café brûlant, car les températures descendaient violemment surtout en montagne. Heureusement, nous étions tous les deux biens vêtus et ce soir j'avais prévu les sacs de couchages doublés pour éviter l'hypothermie. Cela me rassurait, et cela me fit plaisir, d'entendre mon fils accepter de partager sa tente avec son vieux père. C'était peut-être le dernier cadeau qu'il pouvait me faire. Je pouvais constater tous les efforts que Noah faisait et cela me touchait en plein cœur. Il arriva à me rendre les yeux humides avec toutes ces démonstrations.

Je le serrais fort contre moi et passais ma main dans ses cheveux. Il était beau. C'était mon enfant, ma chair. Il était cette meilleure part de moi que je ne serais jamais. Il était l'avenir et moi le passé. Il savait que je ne pourrais supporter de le voir pleurer. Je m'avançais et déposais un premier baiser sous son œil droit. Je reproduisis la même opération sous son œil gauche. J'avais toujours chassé ses larmes ainsi quand il n'était qu'un enfant ; lors de ses premiers chutes de cheval ou ses premières écorchures à vélo.

- Tu vas donc m'entendre ronfler, tu es prévenu. Et, pas de branlette ce soir dans ton duvet, c'est pas parce que je peux t'entendre que je le saurais pas.

ajoutai-je pour le taquiner et lui faire retrouver le sourire.

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Promenons-nous dans les bois.

Attention, nous étions en plein dans la séquence émotion. Je sais que je suis à des kilomètres du petit connard que je suis à l'école, mais quand mes "amis" ne sont pas avec moi, j'ai tendance à redevenir un peu celui que j'étais autrefois. J'ai toujours lu que l'adolescence était un passage difficile, mais là j'ai clairement l'impression qu'il est insurmontable. Papa me pris dans ses bras et bien que j'étais un peu tendu au début, je fini par me détendre dans ses bras et même à lui rendre son étreinte. Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait ce genre de chose parce que je trouvais que cela faisait un peu gamin, mais là j'en avais vraiment besoin. Papa me répondit ensuite et sa réponse me fit frissonner, pour un peu j'en aurais même pleurer, si je ne versais pas déjà quelques larmes. Je plongeais mon regard dans celui de mon père. Tant qu'on en était aux vérités larmoyantes, autant continuer. Je signais quelques mots.

# Papa, je sais que je peux tout te dire, seulement...il y a des choses qui ont du mal à sortir, même en les signant...ça viendra, un jour, mais laisse-moi venir vers toi...à mon rythme. Quant à être un bon père....c'est vrai que je n'ai pas d'élément de comparaison, mais...si j'avais eu à choisir, je n'aurais pas voulu d'un autre père que toi. Même...le fait que tu ne puisses pas entendre...cela m'a aussi aidé en un sens...te défendre contre ces demeurés à l'école, qui se moquaient de toi...certes je revenais le visage blessé, mais j'étais content parce que j'avais réagi, je m'étais prouvé que je pouvais faire quelque chose. Même quand tu m'engueules...je fais la tête, mais je sais que c'est mérité et puis...quel ado je serais si j'acceptais toutes tes remontrances sans broncher ?#

J'avais eu un petit sourire à la fin de ma phrase. Après que papa m'ait donné du chocolat chaud, je m'étais jeté dans ses bras et lui avais demandé pour dormir sous la même tente que lui. Oui, aujourd'hui j'avais vraiment besoin de mon père. Il me passa la main dans mes cheveux et je fermais les yeux. J'aimais bien quand il faisait ça quand j'étais gamin, mais je tuerais la personne qui oserait prétendre que j'aime encore ça. Bon tuer est un peu excessif, mais...voyez l'idée quoi. Ensuite il embrassa le dessous de mes yeux pour chasser mes larmes, comme quand j'étais petit. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire lorsqu'il repris la parole. Ne pouvant pas signer tellement je riais, je le regardais pour lui répondre quelque chose.

- Ouais, bah la même chose pour toi, parce que moi je pourrais entendre et ce n'est clairement pas quelque chose que j'ai envie....imaginer son père avoir une vie sexuelle, c'est...beurk.

Je n'étais pas stupide, je savais très bien que si j'étais là, Papa avait dû "faire ça " une ou deux fois, mais c'était un fait connu que les enfants avaient vraiment du mal à imaginer leurs parents agir de la sorte. Enfin en ce qui me concernait, ma mère je ne l'imaginais plus du tout, je ne voulais plus en entendre parler. Pour moi, elle est morte à l'instant même où elle a franchit la porte en nous laissant papa et moi.

Je m'installais sur un rondin de bois et regardais au loin, gardant le silence quelques instants puis, je me tournais de nouveau vers mon père.

# Papa ? Ce serait bien si la prochaine fois qu'on allait camper comme ça, Parrain venait avec nous. J'aime bien quand on est tous les deux, mais j'aime bien aussi quand il est là, pas toi ?#

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