Parrain...faut qu'on parle [PV : Dimitri]

Dimitri & Noah // Parrain...faut qu'on parle

Squatteur.

Là c'était certain, j'allais me mettre à hurler. Si, si, je vous assure. Ce ne sera pas joli à entendre. Certes j'avais merdé. Du coup je m'étais retrouvé en colle, bon bah on ne va pas en faire un fromage. Bah quand on a un père comme Elio Montgomery c'est bien plus qu'un fromage qu'on en fait, c'est la fromagerie toute entière. C'est bon, j'avais effectué ma peine, ce n'était pas nécessaire de me le rappeler à chaque fois qu'il voulait me dire quelque chose. Cela m'a tellement énervé qu'on s'est disputé et une parole en entraînant une autre, j'ai eu des mots cruels envers lui. Je lui ai dit que parfois j'aurais bien aimé avoir un père normal. C'était vraiment méchant de dire cela et surtout, je ne le pensais pas, j'ai regretté ces mots à peine avaient-ils franchis la barrière de mes lèvres, mais c'était trop tard. J'aurais pu m'excuser auprès de mon père, mais en ce moment, je ne donne pas vraiment dans les excuses. Je me suis enfui de la maison en courant. Il ne faut pas être devin pour savoir où je me rends. Je vais chez mon parrain, tout simplement.

Mon parrain c'est un peu comme un deuxième père pour moi. Un père un peu plus permissif. Avec papa je sais que j'ai merdé et c'est probablement ce que Dimitri me dira, mais je devais absolument aller le voir. J'étais en train de couler et personne ne me rattrapait. Ce n'était pas la bande de crétins congénitaux avec qui je traînais qui allait m'aider. Je n'osais pas encore en parler à papa, principalement parce que nos relations se déterioraient, alors il me restait que mon parrain à qui je pouvais me confier. N'allez pas croire que j'ai décidé de me tourner vers lui parce que je n'avais plus de solutions, non, ce n'est pas ça du tout. J'ai toujours eu une grande confiance en Dimitri, je sais que je peux tout lui dire, que si je le lui demande, il ne dira rien à mon père. Dimitri sait tout de moi, enfin pas encore tout, mais après cette visite il saura tout.

Arrivé devant chez lui, j'entre sans sonner ou frapper, comme à mon habitude. Je ne sais pas où se trouve mon parrain dans la maison, alors je lance quelques paroles à la cantonade.

- Parrain, je demande droit d'asile.

Je me laisse ensuite tomber sans grâce aucune sur le canapé et je pousse un soupir désespéré.

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Dimitri & Noah // Parrain...faut qu'on parle

Squatteur.

Ce qu’il y a de bien avec la technologie c’est que cela va toujours plus vite que deux jambes, même si elles sont très motivées. J’avais donc eu le plaisir de recevoir un message d’Elio me signalant que Noah avait déserté et que j’avais une chance de le ramasser, et le cas échéant de le prévenir que sa progéniture était en lieu sûr. Si bien que la porte qui claque suivie de cette voix bien connue me tirent un sourire d’amusement. Ce gamin est toujours bienvenu, et il ne le sait que trop bien. Même Elisabeth, ma bientôt-future-ex, a lâché l’affaire et le laisse faire irruption sans plus tenter de lui arracher les politesses d’usage. J’ai lutté contre Theresa, la maudissant d’exister et de tomber enceinte, comme si tout était de sa faute, mais jamais il ne m’est venu à l’esprit de rejeter ma haine sur l’enfant non désiré. Il est devenu mon petit prince au même titre qu’il était la prunelle des yeux d’Elio. Il m’a à peine laissé le temps de finir la réparation de la fenêtre brisée par son père qu’il s’affale déjà dans mon canapé comme une âme en peine appelant à l’aide.
Sortant de la chambre j’essuie mes mains sur un torchon avant d’ébouriffer la tignasse, digne héritage Montgomery.

- Droit d’asile accordé monseigneur. Tu peux même dormir là ce soir si tu veux Elisabeth est partie réfléchir chez sa mère.

C’est facile d’avoir que les bons côtés d’un enfant, l’amour sans la paternité, les secrets sans les responsabilités, la complicité sans avoir à éduquer. J’ai toujours eu conscience d’avoir le bon rôle facile, celui du gentil, mais son fils n’était qu’un nourrisson qu’Elio savait déjà pertinemment qu’il ne faudra pas compter sur moi pour serrer la vis. Je n’étais déjà pas en mesure d’opposer une grande résistance au père, alors pour le fils il ne pouvait en être différemment.

- Tu veux boire ou manger quelque chose avant de me raconter à quel point ton père est un putain de mulet borné ?

Je ne plaisante qu’à moitié. Ce n’est pas simple de faire tampon entre deux forces brutes de la nature. Le fils a malheureusement hérité de ce feu qui anime les veines de mon ami. Les deux sont souvent en tort, le tout c’est de savoir écouter l’un et l’autre, puis de partager les torts pour les raisonner. Elio s’emporte facilement, et il est plus têtu que tous les équidés de son haras réunis. Nécessairement, ça fait des étincelles. Je me sers un café dans la cuisine pour ne pas tenter Noah avec une bière avant de m’asseoir à côté de lui dans le canapé. Mon meilleur ami en mourrait. Son bébé, son si petit et si innocent chéri. Je pose les pieds sur la table basse - qu’Elisabeth aille se faire foutre – et observe un instant ce bébé pas si petit que ça.

- Je t’ai déjà raconté comment je suis devenu copain avec ton père ? On était en primaire. Il voulait jouer avec moi, mais au lieu de faire les choses normalement et de me passer son ballon il me l’a envoyé dans la tête aussi fort qu’il put. Il m’a pas raté. Mon nez pissait le sang, il a dû m’accompagner à l’infirmerie, tout le monde était persuadé que l’idiot du village avec cassé le nez du placide Holden. Tout ça pour dire qu’il a pas beaucoup évolué au sujet de la délicatesse, et qu’il a une façon bien à lui d’aimer mais quoiqu’il t’ait fait ou dit il t’aime. Maintenant raconte-moi ce qui ne va pas.

J'ai de la peine à le voir s'enfoncer dans la mauvaise direction, et tout ce que je peux faire c'est lui proposer une épaule solide sur laquelle se reposer et l'aider à y voir plus clair dans ses choix en lui donnant mon avis sans aucun jugement.

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Dimitri & Noah // Parrain...faut qu'on parle

Squatteur.

Je me réfugiais dans mon "oasis" personnel. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours trouvé refuge chez mon parrain quand ça n'allait pas. Bon bien sûr, il m'arrivait aussi de venir le voir comme ça, pour une simple visite, mais ces derniers temps, chaque fois que je venais, c'était parce que papa et moi on s'était disputés. Cela arrivait bien trop souvent à mon goût. J'étais donc assis sur son canapé. Je ne me suis même pas demandé un instant si je dérangeais Dimitri ou même Elisabeth. Pour Dimitri je savais très bien que je ne le dérangeais jamais, quant à Elisabeth...ma foi, si c'était le cas, je l'ignorais parce qu'elle ne me l'avait jamais dit. Je serais toujours le bienvenue ici et je sais que personne ne changera ça. J'eus un petit sourire en voyant mon parrain arriver vers moi et m'accorder le droit d'asile. J'étais tellement content que je le laissais même passer sa main dans mes cheveux...je repassais néanmoins ma propre main dedans histoire de me recoiffer.

- Cool, merci. En effet, il serait plus sage que j'évite la maison ce soir.

Je regardais mon parrain et secouais négativement la tête. Non, je n'avais pas faim, j'avais un peu l'estomac noué à vrai dire, un peu comme à chaque fois que je me disputais avec papa. J'eus une petite grimace.

- Oh tu sais...si je voulais être franc avec toi...je dirais que les chiens ne font pas des chats. Je peux être très borné quand je veux.

Je me mis à rire lorsqu'il me raconta leur rencontre. Je connaissais l'histoire, mais je ne pouvais m'empêcher de les imaginer tous les deux dans la situation, avec leur apparence actuelle et c'était assez tordant, je dois dire.

- Ouais, je connaissais l'histoire, mais en même temps, cela représente assez bien le personnage.

Je poussais un soupir un peu triste.

- Je le sais bien parrain, je sais que papa m'aime, mais....pfff pouquoi il n'arrête pas de...de me provoquer, j'ai l'impression qu'il cherche sans arrêt le moyen de me pousser à bout.

Je m'avançais un peu sur le canapé, prenant ma tête dans mes mains.

- J'ai merdé sur ce coup-ci et je le sais...mais...Tu sais j'ai eu une colle récemment...Ne dis pas non, je sais que papa te l'as dit. D'ailleurs, tu ferais bien de lui envoyer un message pour lui dire qu'il avait raison et que je suis ici et que je vais bien.

J'avais relevé la tête lorsque j'ai évoqué le fait d'envoyer un message à mon père. Je n'étais pas stupide, je savais comment il fonctionnait. J'avais ensuite repris ma position, la tête dans les mains.

- J'ai fait ma colle, mais depuis....il n'arrête pas de la remettre sur le tapis. Merde, on ne va pas en parler jusqu'à ce que j'ai soixante ans, si ? Du coup, il m'a cherché, cherché et bam, on s'est disputé. J'ai essayé de résister, mais...et j'ai eu ces mots atroces contre lui...je lui ai dit que parfois j'aurais aimé avoir un père normal. Je sais que je lui ai fait mal en disant cela...en plus c'est pas vrai, mais....je me sens tellement mal parrain....

Je reste un instant silencieux, fermant les yeux pour tenter de garder le contrôle de mes émotions. Je lâche quelques mots d'une voix très faible.

- J'ai l'impression de hurler dans une pièce où il y a plein de monde, mais que personne ne m'entend...je me noies et personne ne me rattrape.

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Dimitri & Noah // Parrain...faut qu'on parle

Squatteur.

Je ne pouvais pas me permettre d’acquiescer plutôt deux fois qu’une alors je me contentais de penser très fort qu’il était évident qu’il n’y avait pas de hasard. Ils étaient deux mules de la même espèce, et si le fils apprenait à mordre aussi fort que le père ça promettait. Les Montgomery étaient faits de ce bois précieux mais brut, qui demandait beaucoup d’habileté et de patience pour être travailler sans rompre ou écorcher les doigts avec des échardes. C’était bon de l’entendre rire. L’histoire était vue et revue mais elle ne perdait jamais en charme et même moi aujourd’hui elle continuait de m’amuser, parce qu’on ne pouvait pas dire que les choses n’avaient pas beaucoup évolué depuis la cour de récrée.

- Non il est juste lui-même et parfois c’est un peu lourd, mais il ne cherche pas à te rendre fou…

Je connaissais Elio mieux que quiconque et j’avais eu tout le temps nécessaire à ses côtés pour voir à quel point il pouvait être étouffant avec son fils. Il l’aimait tellement qu’il nourrissait l’espoir absurde de le mettre sous verre. Il suffisait de voir la mine horrifiée qu’il m’avait tiré lorsqu’il avait brandi le magazine qu’il avait trouvé son lit de son fils chéri. Non, le petit bébé à son papa ne pouvait définitivement pas avoir de vie sexuelle avant ses trente ans révolus. Je le bousculais gentiment en souriant avant de retourner à mon café.

- Laisse-moi gérer ma relation à ton père tu veux. Je suis avec toi pour l’instant, il aura son message après.

Ca n’avait plus rien d’étonnant de voir le gamin rappliquer ici après une dispute et avec le temps son père s’était fait à l’idée que j’étais leur meilleur option pour faire tampon entre eux deux. Je ne pus m’empêcher de rire des réactions de l’adolescent. Il sous-estimait son père, il pourrait bien lui reparler de ses colles jusqu’à son lit de mort et lui faire la morale au dernier souffle. J’avais mal pour eux deux, parce qu’ils n’arrivaient plus à communiquer autrement qu’en se balançant des horreurs.

- Noah…

Je soupirais en passant une main sur mon visage. Il avait dépassé largement les limites de l’acceptable, mais il le savait alors à quoi bon lui remettre le nez dedans ? Son père saurait bien assez lui faire regretter sans que je rajoute mon grain de sel à cette histoire tordue.

- Ecoute, tu t’excuseras demain matin auprès de ton père, et tu lui fileras un coup de main pour les boxes, il sait très bien qu’on peut s’emporter. Il s’inquiète pour toi. Il veut que tu t’en sortes, mais il ne sait pas comment s’y prendre, ne lui en veux pas.

Même en langue des signes il était capable du pire lui aussi et on s’était jeté des réflexions acerbes il y a peu, blessant l’autre de la même façon que Noah avait sans doute fait du mal à son père. Je posais une main sur son épaule et la serrai.

- Tu sais que tu peux tout me dire ? Que je peux tout entendre ? Je ne te jugerai jamais Noah, même quand tu fais des conneries trois fois plus grosses que toi, et même quand tu t’entoures d’abrutis qui te tirent vers le bas.

Quelque chose était forcément à l’origine de ce mal-être et j’avais une certaine idée de ce qui pouvait en être la cause mais je ne pouvais pas forcer la main à Noah. Je me fichais bien de savoir tous les écarts qu’il commettait tant qu’il restait en vie et en bonne santé.

- Je nage très mal mais je refuse de te laisser de te noyer.

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Dimitri & Noah // Parrain...faut qu'on parle

Squatteur.

- Ouais, bah parfois avoue quand même que c'est vachement bien imité.

J'avais eu une petite grimace à la phrase de mon parrain. Oh je savais qu'il avait raison bien sûr, mais actuellement j'étais encore sous le coup de la colère de ma dispute avec papa, même si rien que le fait de repenser à ce que j'avais pu lui balancer comme "gentillesse" me faisait me sentir mal. J'avais soupiré. Un sourire en coin avait cependant étiré mes lèvres lorsque Dimitri me poussa un peu en me donnant un coup d'épaule. Je savais bien comment ils fonctionnaient tous les deux et à l'instant même où notre conversation sera terminée, je suis persuadé que papa aura son sms.

- Oui, papa 2.

"Papa 2", la première fois que j'ai lancé ça à parrain, j'étais encore un môme et j'avais encore un peu de mal à parler, du coup "papa 2" était moins pénible à dire que "parrain". Depuis je n'utilise plus vraiment ce terme, mais cela ne veut pas dire que je ne considère pas mon parrain comme un deuxième père, bien au contraire. J'avais baissé la tête après avoir expliqué à parrain notre dispute, à papa et moi. Je savais bien que j'avais merdé et j'étais reconnaissant à Dimitri de ne pas m'enfoncer encore plus en soulignant que je n'aurais jamais dû parler comme ça à papa. En dehors du fait que j'ai été blessant, il est mon père et je dois le respecter.

- Je sais, je sais, j'ai été un vrai con...et je m'en veux, je pense que je suis bon pour nettoyer les boxes pendant au moins un mois si je veux vraiment m'amender. Je ne lui en veux pas, c'est juste que...en ce moment c'est compliqué pour moi de parler avec lui. J'ai...je sens bien qu'on a perdu cette complicité qu'on avait lui et moi quand j'étais plus petit, mais...je sais que c'est en partie de ma faute, et je suis un putain de paradoxe à moi tout seul, je te jures. J'ose pas parler à papa, parce que j'ai la trouille qu'il me repousse si je lui dis ce qui ne va pas chez moi en ce moment....j'ai la trouille de le perdre, mais d'un autre côté, j'agis exactement comme si je voulais l'éloigner de moi.

J'esquissais un petit sourire triste en regardant mon parrain tandis qu'il avait posé sa main sur mon épaule. Une petite grimace déforma mes traits quand il évoqua les types avec qui je traînais. Je n'étais même pas attaché à ces gars, c'est juste que faire partie de leur bande me permettais de ne pas me faire emmerder à l'école.

- Je sais...j'ai confiance en toi....c'est juste que...

Je passais ma main sur ma nuque, signe d'une grande nervosité chez moi.

- Ce n'est pas quelque chose de facile à dire.

Je me levais du canapé et allais jouer avec un bibelot posé sur un meuble à trois pas de là.

- Tu sais...depuis tout gamin la scolarité n'a pas vraiment été très facile pour moi...enfin je veux dire....j'ai rarement eu des amis, la plupart du temps j'étais la victime préférée de mes camarades. Ils insultaient papa et moi...ça me faisait mal au coeur, alors je me battais avec eux pour le défendre et puis...parce que merde, il ne l'a pas choisi de ne pas pouvoir parler. Depuis que je suis avec les "abrutis qui me tirent vers le bas" comme tu dis, la vie à l'école est beaucoup plus facile pour moi parce que je ne suis plus frappé...maintenant je suis du côté de ceux qui frappent...et avant que tu dises quoi que ce soit....je n'en suis pas fier, crois-moi.

Je reposais le bibelot et me tournais vers mon parrain, il n'y avait pas trente-six façons pour moi de lui annoncer ce que je voulais lui dire.

- J'aime les mecs. Je ne sais pas si c'est une passade ou bien si c'est définitif...mais c'est un fait. Alors ? Je te dégoûte ?

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Dimitri & Noah // Parrain...faut qu'on parle

Squatteur.

Papa 2. Ca m’arrachait un sourire même si ça me faisait vieillir. Le seul enfant dont j’aurais la responsabilité et c’était un deal qui me convenait bien. Maintenant pas dit qu’il le prendrait autant à la rigolade si je finissais véritablement en couple avec son père.

- Tu sais que tu ne le perdras jamais, c’est une sangsue attachée dans ton dos ton père, il rêve de te séquestrer à la maison jusqu’à tes quarante ans. Et puis si un jour tu as vraiment trop peur de lui annoncer quelque chose appelle-moi, je m’en chargerai, j’adore le faire rager.

J’aimais ce rôle de tampon entre les deux. Elio m’envoyait au front sur les sujets sensibles pour éviter que sa délicatesse de bulldozer ne déclenche une troisième guerre mondiale et inversement je voulais bien récupérer les bêtises du fils et me charger de mettre au parfum le paternel.

- Allez c’est rien. Ca sera vite oublié.

Je le regardais s’agiter et ça me faisait de la peine. J’aurais pu venir à sa rescousse, lui dire que si c’était pour parler de son orientation, j’étais au courant, mais autant le laisser avancer ses pions, comme un entraînement pour la conversation qu’il allait devoir avoir avec Elio, parce que s’il ne parvenait pas à le dire à son parrain qui disait amen à tout il serait incapable de faire face à l’ours qui l’élevait.
J’avais envie de lui dire qu’il n’était qu’un crétin, un vrai idiot de penser des choses aussi absurdes mais il semblait si mal à l’aise sur le sujet que je ne pouvais pas lui infliger le même traitement que j’aurais fait subir à Elio. De même je devais remballer mon envie de lui dire que son père n’était pas plus hétérosexuel que lui, qu’il n’était pas seul, mais ça dépassait de très loin mes prérogatives.

- Me dégoûter ? Enfin Noah…

A quel moment j’avais raté quelque chose pour qu’il ait une pareille appréhension ? Ce n’était peut-être que l’expression de son mal être et de sa jeunesse naïve cumulée, mais il pouvait bien aimer les filles ou les garçons ça n’avait aucune importance, aucun impact sur notre relation. Il était et resterait ce gamin avec qui je pouvais partager jusqu’à mon lit sans être de mauvaise humeur. Parce que c’était ça aussi le rôle du parrain : toujours prêt, toujours accueillant, quel que soit l’état de ma vie ou de ma maison.

- La confiture sur le beurre de cacahuète, ton père qui me vomit dessus ou ce que je peux cuisiner, ça c’est dégoûtant. Mais toi, tes choix, tes goûts, ta vie, jamais. Viens-là idiot.

Pauvre gamin. Torturé par sa sexualité. A trente ans avec Elio on a l’air de deux adolescents attardés mais nous avons les épaules pour supporter nos doutes, mais Noah avait tant à porter au quotidien. Je m’extirpai du canapé pour l’attirer à moi et le serrer dans mes bras comme s’il avait encore douze ans et amateur de câlins.

- Tu sais qu’on t’aimera toujours, et je peux parler au nom de ton père aussi, on s’en fout que t’aime les mecs, que ça soit définitif, passager ou un gros point d’interrogation. L’amour c’est compliqué à n’importe quel âge. Et si c’est ton père qui t’angoisse je vais être honnête il s’en doute, il est tombé sur un magazine sous ton lit…

Et il a failli faire une attaque cardiaque, il s’est saoulé comme un bœuf et le lendemain j’ai dû aller le sortir du lit à midi pour qu’il me fasse tout son cinéma pendant que je me moquais de lui, mais ça mon chaton, je ne vais pas te le dire. L’essentiel c’est que j’ai sauvé ton magazine ainsi que ta tête, et que ton père nous fera un jour une cirrhose à boire comme ça mais qu’aujourd’hui tout va bien, tellement bien qu’il veut changer de bord.
Je lui rendais sa liberté pour reprendre mon café et ma place sagement dans le canapé.

- Et tu as un copain ou c’est un sujet interdit et je dois m’occuper de mon cul ?

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Sujet: Re: Parrain...faut qu'on parle [PV : Dimitri]

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