Never judge a book by its cover (libre)

J’ai toujours aimé me retrouver dans des lieux publics, tout me fondant dans la masse, je trouvais qu’il s’agissait là d’un excellent moyen, s’il en est un, de me rapprocher des thèmes pouvant être susceptible d’intéresser les gens lisant des livres tels que ceux que je pouvais rédiger. C’était ma façon, bien à moi, de tenter de maximiser mes chances de succès. Après tout si un livre ne trouvait pas son public il était plus qu’illusoire de croire que l’on pourrait en tirer le moindre profit. Le fric est l’ultime nerf de la guerre c’est bien connu.

Vêtu d’un jeans, d’un pull et coiffé d’une casquette j’arborais une tenue qui tranchait de celle qui était mienne habituellement. Moi qui avait l’habitude de m’afficher, dans une élégance digne de ce nom, bien malin était celui qui allait pouvoir me reconnaître accoutré de cette façon.

Arrivé à la librairie je me déplaçai vers la section où se trouvaient les bouquins traitant de finance, d’économie et de politique, Je rigolais intérieurement à l’idée de discuter avec des inconnus sans qu’ils n’aient la moindre idée de la personne avec laquelle ils échangeaient des commentaires sur certains bouquins. J’étais persuadé que cet exercice allait s’avérer des plus instructif.

À peine eussé-je le temps d’arriver, et de prendre mes aises, que je vis au loin une personne pointer le bout de son nez que je la vis se diriger en cette direction ou je me trouvais. La voyant s’immobiliser à quelques centimètres de ma personne je la vis s’emparer d’un bouquin au titre pour le moins évocateur : L’intelligence artificielle, sa montée en flèche, et son impact irrévocable sur l’économie’’. Me tournant vers cette personne, faisant mine d’être le dernier des imbéciles, je me permis une remarque qui me semblait des plus amusante pour briser la glace. Vous savez, pour l’insomnie, mieux vaut aller voir votre pharmacien local  Pour ma part c’était un verre de scotch mais bon chacun son truc après tout.

T'as envie de t'acheter un bouquin, depuis que t'as plus de job et que ton patron a fini en taule tu passes pas mal de temps à bouquiner. En ce moment, tu t'es lancé sur l'économie, t'as des lubies, comme ça, et le peu d'estime que t'as pour la politique te force quand même à t'éduquer au maximum. T'aimes avoir un avis sur tout, certes, mais t'aimes qu'il soit fondé, t'es pas le genre de débile à réciter des inepties entendues dans les médias. T'es ce qu'on aurait pu appeler "une tête" si t'avais pas crucialement manqué d'ambition et arrêter tes études de physique-chimie trop tôt. Mais c'est pas grave, pas besoin d'être à la fac pour ingurgiter du savoir, et ça, c'est vraiment ton truc. Sous tes allures de petits cons péteux, t'es un véritable nerd.
T'arrives à la bibliothèque et tu te diriges vers le rayon des bouquins sur l'économie, direct, tu connais le chemin et tu traces. Quand t'arrives devant la rangée de bouquins, t'en attrapes un premier sur l'intelligence artificielle et son impact sur l'économie. Tu plisses les yeux et toises la couverture un instant avant de l'ouvrir pour regarder la table des matières, feuilleter les premières pages, lorsqu'un type s'adresse à toi. Tu relèves la tête, tu le toises un peu, tu te demandes si c'est le genre de gros beauf qui se pointe dans les bibliothèques juste pour se trouver des potes. Tu sais pas si tu dois rire à sa remarque ou si tu dois l'ignorer. Tu le fixes un instant.
- Marrant ça, pour la connerie y a rien chez le pharmacien par contre, et ici non plus, tu fais, sarcastique.
Tu rebaisses les yeux sur le bouquin pour continuer ton analyse, t'observes le nom des chapitres, tu lis quelques mots en diagonale, avant de relever les yeux vers le type.
- J'crois qu'on nous prend pas mal pour des cons, tu dis. Tu reposes le livre pour en chercher un autre. Tu sais pas exactement ce que tu veux, mais le dernier truc que t'as lu traitait plutôt des théories économiques alternatives, t'en as plus rien à foutre du capitalisme, tu penses que c'est de la merde et t'as bien compris comment ça fonctionne.  

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