(kenian) i wanna talk to you

Il faut qu'on discute. Rejoins-moi au Mall dans deux heures.

C'est sur ces entrefaites que tu avais contacté ton frère Julian. Pas de s'il te plaît, pas de place au doute. Peu importe qu'il ait autre chose à faire, Julian ferait bien de venir au rendez-vous que tu venais de lui donner.
Tes rapports avec ton frère était plus que... conflictuel. Cela n'était pas de notoriété publique bien évidemment. Pour le monde extérieur, les Blackwell était une famille tout ce qu'il y avait de plus unie. Mais sous le vernis que tu mettais un point d'honneur à mentir, on pouvait lire la vérité; que tout n'était pas rose. Et de ton avis, c'était en très grande partie de la faute de ton frère aîné. Il n'avait absolument aucune affection pour le nom Blackwell ou pour ce qu'il représentait, il ne voulait absolument rien à voir à faire avec l'entreprise ou les membres de cette famille. Et tu lui en voulais pour ça.
Les choses n'avaient pas toujours été ainsi ainsi entre vous. Tu te souvenais encore d'une époque où tu apprenais patiemment à lire, un livre sur les genoux, alors qu'il te corrigeait patiemment en lisant par dessus ton épaule. Tu te souvenais encore du jour où il t'avait arraché aux eaux glaciales...

Tu t'ébroues avec un frisson désagréable. Tu ne veux pas repenser à ça. Tu t'attaques furieusement à ce qu'il te reste de travail à accomplir aujourd'hui puis, quasiment deux heures plus tard, tu attrapes ton sac à main et ton manteau. Tu balances des instructions à ta assistante, alors que tu passes devant son bureau, pianotant sur ton IPhone puis tu tournes les talons en te dirigeant vers la sortie.

Direction le Mall, tu t'attables à un café et la serveuse passe à peine à côté de ta table que tu lui commandes un caramel machiatto avec un soupçon de cannelle. Elle a l'air sur le point de répliquer qu'elle n'est pas en service ou n'importe quelle autre connerie que tu n'as pas envie d'entendre, ce qu'elle semble lire dans ton regard car voilà qu'elle repart communiquer ta commande.
Satisfaite, tu te replonges dans ton téléphone, attendant l'arrivée de Julian.

Il faut qu'on discute. Rejoins-moi au Mall dans deux heures.

Pas un bonjour, pas un s'il te plait, pas un au revoir, pas un merde. Du Kenna tout craché. Qui diable l'avait pu l'élevé ?! Satan en personne bien sur. Quelque fois tu oubliais que ta petite soeur était une reproduction de ta cher mère. C'était exaspérant. Tu ne lui répondis à au message. Tu avais d'autres chat à fouetter que lui répondre. Ça t'énervait. Ce message t'énervait. Parce que tu voyais très bien la tête qu'aurait fait ta soeur si elle te l'avait en face. Hautaine. Arrogante. Sur d'elle. Et juste après tu t'imaginais ta mère te le dire. Ca t'énervait trop. Et puis d'abord qu'est-ce qu'elle voulait ? De quoi voulez t-elle parler ? Deux heures c'était long. Il fallait que tu t'occupes et surtout que tu avances dans ton travaille si tu ne voulais pas prendre de retard.

Les deux heures était écoulé quand tu te garas sur une place de parking. Ken allait ronchonner parce que tu étais en retard. Mais après tout, tu ne lui avais jamais répondu à son message. Qui lui avait dit que tu serais là ?! Pas toi, voilà. Tout en marchant vers le café, tu accélérais le pas. Parce qu'au fond tu voulais pas qu'elle parte sans qu'elle te dise ce qu'elle devait te dire. Et peut être aussi parce qu'en vrai tu voulais la voir. Au fond tu l'aimais ta sœur, tu détestais seulement la personne qu'elle était devenu. Cinq minutes après t'être garé tu rentras dans le café. Pas besoin de chercher la table, tu savais où elle serait assise. Cette table, vous l'occupez depuis votre enfance. Chaque fois que vous venez ici, c'est à cette table que vous vous asseyez et pas une autre. Elle était de dos et ne pouvait te voir sirotant surement son caramel machiatto avec un peu de cannelle. Un moment tu la regardas un sourire se dessina sur tes lèvres et puis il se perdit et tu partis t'asseoir en face d'elle. « Ma petite soeur chérie m'a sonné, je suis là ! » dis-tu avec un faux sourire. Tu sentais encore la vielle conversation relou sur le fait que tu renies ta famille bla bla bla ... tu te demandais même pourquoi tu étais venu. C'est toujours la même chose entre vous, rien n'avait évolué.

« Ma petite soeur chérie m'a sonné, je suis là ! »

Tu lèves les yeux vers lui au moment où il s’assoit, pas amusée le moins du monde. Tu reposes calmement ta tasse sur la table, refusant de commenter son ironie. C’était toujours comme ça. Il avait le don de t’énerver autant que tu avais le don de lui taper sur les nerfs. Le fait est que, il fallait bien l’admettre, vous vous connaissiez trop bien et que vous étiez capables de vous saboter et de vous faire du mal comme personne n’en étant capable à part vous, quoiqu’il ne fallait jamais sous-estimer votre mère.

Tu lui jettes un regard presque nostalgique. Presque. Souvent, tu te demandes où était passé cette période de votre vie où tu trottinais sur ses talons, désireuse de passer chaque minute de chaque heure avec lui. Tu avais grandi, et il avait changé. Toi aussi peut-être. Mais tu n’étais pas là pour ça. Tu n’étais pas là pour que les choses tournent à l’orage, comme toutes les autres fois. Tu n’étais pas là pour vous. Tu étais là pour la famille. Et quoiqu’il en dise, Julian faisait et ferait toujours partie de cette famille, qu’il le veuille ou non.

De tous les Blackwell, tu étais celle qui menait tous les combats et toutes les batailles, faisaient tous les sacrifices nécessaires à la pérennité et à l’unité, au prestige de la famille Blackwell. Quitte à ce que ça te ruine la santé et que ça fasse saigner ton cœur. Mais ça tu ne le montres pas. Tu n’es pas de ces gens faibles et larmoyants. Tu repères un problème, tu l’analyses et tu le résous. Mais certains problèmes opposaient plus de résistance que d’autres. Comme Julian. Avec un soupir muet, tu te demandes comment tu peux parler du frère que tu aimais tant comme d’un problème. Ca t’attriste.

« Tu veux boire quelque chose ? »

Tu n’étais pas du genre à tourner autour du pot mais tu n’étais pas mal élevée non plus. Du moins jamais involontairement, alors tu appelles la service à nouveau d’un signe de main.

T'avais pas spécialement soif. Honnêtement tu aurais préféré rester au travaille plutôt que venir ici. Mais tu pouvais pas résister à pointer le bout de ton nez. C'était pas n'importe qui t'avais appeler. C'était Kenna. Ta petite soeur. Ta seule petite soeur. Tu pouvais pas ne pas répondre à son appel. Même si très souvent elle te tapait sur les nerds. Malgré son comportement qui t'exaspère. Elle est et restera ta petite soeur. « Un chaï tea latte avec du lait de soja, s'il vous plait. » dis-tu à la serveuse que ta soeur avait appelé. Elle repartit sans ajouté un mot, surement qu'il avait déjà dû se passer un truc avec ta soeur, ce qui ne t'étonnerait même pas. Quelque fois, très souvent, tu regrettes ta petite soeur. Douce et tendre à la fois. Celle qui traînait toujours dans tes pattes. Mais l'admiration qu'elle porte à votre mère dépasse l'amour que tu lui portes. Petit à petit elle a dérivé et un peu plus chaque jour elle ressemble à la femme qui t'as mise au monde. « Bon alors Kenna qu'est-ce que tu voulais ? » Tu l'as regardes attendant qu'elle annonce en truc en rapport avec ta mère. Tu l'as voyais bien en messagère de ta mère. Jamais capable de faire le sale boulot soit même celle là. Toujours trop occupé à augmenter son influence auprès des gens. « Ecoute Ken, si c'est maman qui t'envoie pour le gala ... » Tu prends les choses en main. Autant en finir plutôt que de rester là. « ... C'est bon, je viendrais. Mais pas pour représenter la maison Blackwell ! » Tu te refusais a être réellement un Bllackwell même si ce sang si particulier coulait en tes veines. Et il faut l'avouer, quelques fois, faisait ressortir le pire en toi.

Tu lèves les yeux au ciel lorsqu’il passe sa commande. Il avait de commander des choses aux noms et aux contenus incompréhensibles qui te semblaient toujours beaucoup trop farfelus pour quelque chose qu’on est simplement censé boire. Trop d’ennuis pour pas grand-chose à ton avis, mais tu te gardes bien de le dire à haute voix. Il sait très bien ce que tu penses de cette manie, et tu n’es pas venue pour ça.
Aussitôt, ton frère entre dans le vif du sujet, ce qui te fait presque sourire. L’impatience des Blackwell. Quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, il ne pouvait pas renier qui il était ni d’où il venait, ne lui en déplaise. Mais tu ne lui réponds pas de suite, tu prends le temps de porter ta tasse à tes lèvres à nouveau pour boire une nouvelle gorgée. A nouveau ton frère prend la parole, spéculant. Visiblement, il y avait un nouveau sujet de tension entre ton frère et votre mère, ce qui ne t’étonnait guère. Julian n’aimait pas être « appelé à faire son devoir », à devoir jouer au Blackwell, ce qui t’avait poussé plus d’une fois à le traiter d’égoïste et d’ingrat. Tu reposes ta tasse en soupirant.

« Règle ça avec Maman, Julian. Moi il y a longtemps que j’ai renoncé à te demander de faire front avec la famille qui t’a élevé. » Tu lui adresses un regard dur, puis te ressaisis et écartes toute cette histoire, qui t’éloigne de la raison pour laquelle tu lui as demandé de venir ici. « C’est à propos de papa. Il ne va pas très bien dernièrement. »

Tu lèves les yeux vers lui, plantant ton regard dans le sien. Il n’y avait rien qui aurait pu te pousser à mettre tes différents de côté avec ton frère, si ce n’est votre famille. Pourtant il y avait tellement de choses que tu aurais pu aborder, tellement de choses qui te mettaient en colère dans l’attitude de Julian et que tu aurais pu lui foutre dans la figure. Mais tu n’en faisais rien, pas pour l’instant. C’était plus prudent ainsi.

Kenna Blackwell. Ta petite soeur. Ton sang. A une époque elle était toute ta vie. Comparé à ton petit frère, tu avais été très lié à Kenna. Mais c'était comme si c'était une autre époque, une autre vie. Aujourd'hui elle se tenait devant toi, et tout ce que tu voyais, c'était ta mère. C'était triste, mais c'était comme ça. Ce qu'elle te dit te piqua à vif un peu. Faire front avec eux ... t'aurais aimer mais pour cela il fallait qu'il change. Et comme tout les autres membres estimer que c'était à toi de changer, tu ne pouvais pas te battre avec eux sans renoncer à tes principes. Et Kenna n'hésitez jamais à te le rappeler que tu étais un traître à ton sang. Qu'il en soit ainsi s'il fallait que tu puisses dormir la conscience tranquille. Tu te contentas de lever les yeux au ciel sans répondre. Continuant à l'écouter. Ta petite soeur parle de votre géniteur. Cette fois-ci tu ne fis pas que monter les yeux au ciel mais tu grimaças aussi. Tu n'aimais pas ton père. Ou plutôt tu lui en voulais beaucoup à ton père. Parce qu'il avait été faible, parce qu'il avait laissé Gemma vous bouffer, vous ses propres enfants. Mais en même temps, c'était ton père. Et tu n'en avais qu'un seul. Alors tu retiens tes premières paroles qui allaient mener à une conversation inutile avec Kenna. « Il s'est enfin rendu compte que sa femme n'était plus la même ... » Ok tu pourrais tu retenir ça aussi, mais c'était moins pire de ce que tu allais dire en premier. Sans lui laisser le temps de répondre, tu enchaînas. « Qu'est-ce qui lui arrive ? » T'avais envie de dire encore mais tu ne te rappelais pas de la dernière fois que ton père avait été malade ou si la nonchalance et la soumission sont une maladie, il l'était depuis un long moment alors. « Non en fait tu sais quoi ? Peu importe. J'ai pas du tout envie qu'on parle de papa. Ni de maman. Tu sais quoi ? Je vais y aller, j'ai du travaille. » dis-tu en te levant. T'avais plus du tout envie d'être la. Tu te rappelais même pas pourquoi tu étais venu ... « A plus Ken ! » Et sans lui laisser le temps de répondre, tu lui fis un rapide baiser au sommet du crâne avant de partir sans demandé ton reste. En sortant, tu payas pour vos deux boissons, laissant même un pourboire pour la jeune serveuse. Puis tu retournas au bureau.