∴ bad romance (brilippe)

( brilippe )

- Je vous prierais de ne pas quitter la ville Mr Beaumont, votre libération ne veut pas dire que toute charge est abandonné, sachez le.
Cet air supérieur... j'avais envie de foutre mon point dans la gueule de ce flic de merde, tout juste bon pour faire la circulation et avant la fin du mois il y finirait ! Je ne comprenais toujours pas comment les choses avaient pu déconner à ce point ! Ce qui devait être un départ en weekend mérité et nécessaire s'était transformé en cauchemar ! Je me revois encore donner mon passeport et voir trois flics arriver, me menotter devant tous les passagers et surtout devant Bri... putain Brionny ! Elle devait sans doute avoir envie de m'arracher les yeux... où alors, était-elle en partie responsable de ça ? J'avais déjà fait l'erreur de me défier d'elle, de l'accuser sans fondement, pas deux fois.
J'avais entrevu ma chère femme la veille, elle avait demandé à payer ma caution, enfin juste avant que le flic lui dise qu'on m'avait arrêté en compagnie d'une jeune femme.. connard. J'étais donc resté 48h merveilleuses heures en garde à vue ! Putain de vie de chien !
Je roulais déjà en direction de la maison, j'avais gravi quatre à quatre les marches me séparant de l'étage, une douche, je mettais des fringues propres... j'aurais bien piqué une bonne sieste mais... non j'avais d'autres choses à régler. Je reprenais le chemin de la sortie, et finalement demi tour, j'attrapais un morceau de papier, un stylo et épingler une note sur la porte de la chambre de ma chère femme. Cette harpie allait le sentir passer.
J'avais finalement mis dix minutes à rejoindre le centre et l'appartement de Brionny, toquant à la porte comme un forcené, mais n'attendant pas la réponse pour entrer. Je la trouvais installée dans son canapé...
J'ai pas attendu... désolé... Non j'allais clairement entrer en hurlant toutes les merdes que j'avais dans la tête. Je contournais la table basse, me lassant tomber dans le canapé à côté d'elle. Qui aurait cru qu'on passera si vite de Roméo et Juliette à Bonnie & Clyde... Laissant ma tête tomber sur ses genoux, je m'allongeais sur le dos, mes jambes dépassant du canapé... je n'avais qu'une envie dormir. Elle m'a laissé pourrir deux jours en cellule... elle sait que j'étais avec une femme à l'aéroport... cette garce... Finalement... j'allais peut être me plaindre un peu.

Bon. T'étais censée partir avec Philippe, te détendre, passer quelques jours loin d'ici, finalement... C'était tombé à l'eau et pas qu'un peu. Putain. Tu t'attendais pas à ça. Quand t'as vu le visage de la nana à l'aéroport se liquéfier en regardant le passeport de Philippe t'as compris qu'un truc n'allait pas. Et quand les flics sont arrivés, alors là.... T'étais restée plantée là à le regarder se faire embarquer. Ca fait deux jours que tu restes enfermée chez toi, t'as dit à ton père que t'es malade et que tu ne peux pas venir travailler, ça te ressemble pas du tout mais t'en as besoin. T'as besoin d'être seule. Tu te sens mal. T'es devant ton canapé quand t'entends frapper contre la porte, t'as aucune envie de te lever pour ouvrir donc tu restes assise, t'as envie de voir personne. La porte s'ouvre, Philippe apparaît, il s'excuse de pas avoir attendu que tu viennes lui ouvrir. Il aurait pu attendre longtemps. Tu réagis pas vraiment, tu le suis des yeux et il vient sur le canapé, s'installe, s'allonge et pose sa tête sur tes cuisses. Tu pinces les lèvres, tes yeux se remplissent de larmes et t'y vois flous pendant quelques secondes, tu ravales tes sanglots et baisses finalement le regard vers lui. Bonnie and Clyde. Sa femme l'avait laissé pourrir deux jours dans une cellule. Tu passes doucement ta main sur son front puis ton doigt vient effleurer sa joue.
- Ils t'ont laissé sortir... pas parce que l'orange ne t'irait pas au teint, j'imagine... Pourquoi est-ce qu'ils t'ont arrêté ? tu lui demandes.
T'ignores s'il va te le dire, t'as aucune idée de quoi il s'agit vraiment, ça peut être un tas de choses. Philippe ne trempe pas que dans des affaires légales et avec ce qui se passe en ce moment, les cartes ont été redistribuées et il n'a plus le contrôle sur tout. La preuve.
- T'a l'air... fatigué, ça va aller ?

Dans le fond je suppose que je m’en voulais un peu, je n’aurais pas pu prévoir les récents événements c’est certains, mais je l’avais privé d’une escapade dont elle avait clairement besoin… j’aurais imaginé qu’elle partirait malgré tout, qu’elle profitait de ce temps seule, mais avait-elle vraiment envie d’être seule ? Je suppose que non… cette histoire avec les flics m’a clairement retourné, je pensais que la situation ne pouvait pas être pire… et je me trompais lourdement. Sa question je m’y attendais, et la partie de moi qui aurait éludé la question voir menti c’était évaporée, pas de mensonges, avec elle je ne devais plus jouer cette carte je le savais.
Au début je ne savais pas, ils m’ont posé pas mal de questions, sur la fin du programme, sur des malversations, sur certains de mes partenaires d’affaires et après quelques heures ils… ils m’ont parlé d’Harper, de sa mort… Je fis une pause, j’avais déjà subi un premier interrogatoire à ce sujet, clairement il n’avait rien contre moi et de toute façon je n’étais en rien responsable de la mort de la gosse Fairchild. Je n’étais pas blanc comme neige bien entendu… mais je n’avais pas tué cette gamine. Ils pensent que je suis responsable de sa mort. Mais ils n’ont pas d’éléments contre moi, je suppose qu’on essaye de me faire tomber pour de bon… je ne sais pas vraiment quoi faire.
C’était la vérité, je savais pertinemment que j’allais prendre la foudre après ça, mais après ces 48h d’enfer, je suppose que je n’étais plus à ça près. Je me redressais, m’essayant à côté d’elle je la regardais droit dans les yeux. Je n’ai pas tué Harper, je te le jure. J’étais tout ce qu’il y a de plus sérieux, c’était la vérité et je suppose que j’espérais qu’elle le voit.

Tu l'écoutes, les yeux baissés sur son visage, t'observes ses traits, les marques de la fatigue laissées par ces deux jours derrière les barreaux du poste de police. Tu comprenais que sa femme l'ait laissé moisir là dedans, à sa place t'aurais sans doute fait la même chose... Quoi que... Après tout... Vous auriez pu être sur le départ d'un voyage d'affaires ? Elle devait être habituée de le voir disparaître. De ce que t'avais compris ils n'étaient pas vraiment un couple "fusionnel". Loin de là. Quand il prononce le nom d'Harper ta gorge se serre, ta mâchoire aussi, tu te sens te tendre. Il le sent sûrement quand il se redresse pour s'asseoir à côté de toi. Vos yeux se croisent. Il le jure, il n'a pas tué Harper. Tu demeures silencieuse un moment avant de te lever. T'as définitivement besoin de boire un verre. T'en sors deux, les charges de quelques traits de whisky, avant de te retourner et d'en tendre un à Philippe. T'as aucune idée de quoi lui dire vraiment. Est-ce que tu le crois ? Est-ce que tu lui fais suffisamment confiance ? Quand le corps d'Harper a été retrouvé, la police avait conclu que c'était un accident. Et là... l'affaire était rouverte ? Quelqu'un essayait de faire tomber Philippe et de lui mettre sa mort sur le dos ? Tu bois une gorgée de whisky.
- Ecoute... J'vais être honnête avec toi, quand j'ai été interrogée par la police avant qu'on retrouve... son corps, ce flic m'a demandé qui je pensais être responsable de sa disparition...
Ta phrase reste en suspend un moment, tu le fixes.
- C'est ton nom qui m'est venu... Mais, c'est stupide, j'ai dit que c'était peut-être Gemma Blackwell... Je n'ai pas prononcé une seule fois ton nom pendant cet interrogatoire.
Tu soupires, termine ton verre d'une traite avant de le reposer.
- Je te crois quand tu me dis que tu ne l'as pas tué, mais je sais que t'as eu ton rôle dans sa disparition. Je le sais, Philippe. Il n'est pas question d'intuition ou de méfiance, je pourrais quasiment le prouver et te faire enfermer. Je le sais depuis quelques semaines c'est tout, des choses se sont éclairées après l'annonce de sa mort, quelqu'un l'a retrouvé le soir où elle a disparu et l'a aidé à fuir Hillsboro car elle craignait de se faire tuer pour ce qu'elle avait vu... Tu me suis ?
Pourquoi ne lui avais-tu pas dis tout ça avant ? Tu sais pas vraiment. T'es anormalement calme et c'est presque flippant venant de toi. Brionny la colérique.
- C'est pas un cadeau que je te fais en n'allant pas te dénoncer... C'est pas parce que je tiens à toi maintenant. Une partie de moi voudrait t'étouffer dans ton sommeil. J'suis fatiguée de tout ça. J'ai plus envie de justice ou de vengeance. J'avais envie de partir et de m'éloigner quelques jours, avec toi en l’occurrence... Mais même ça... C'est compliqué... Tu devrais sûrement t'en aller...

J’aurais clairement dû m’attendre à ça, le fait qu’elle me suspecte, et elle avait raison, j’avais joué un rôle dans tout ça, pas celui que j’aurais imaginé, ma volonté d’étouffer une affaire grotesque, et surtout ma volonté n’avait jamais dépassée celle de vouloir faire peur à la petite Fairchild, m’assurer ainsi de son silence… les choses avaient complètement déparées bien entendu… Et maintenant je prenais en plein visage toute l’histoire, elle me croyait quant à ma non-responsabilité dans la mort de sa sœur, et dans le fond c’est tout ce qui m’importait. Mais tout le reste… J’avais eu la bonne idée de m’enticher de la seule personne dans cette ville assez futée pour faire le lien entre plusieurs informations qui semblent ne pas se rejoindre… grand bien m’en fasse. Je l’écoutais patiemment, acceptant ce qu’elle me disait, conscient qu’il était temps de faire table rase. Bien entendu, j’aurais sans doute aimé me contenter du fait qu’elle ne cherchait pas vengeance, mais continuer ainsi ne rimait finalement à rien. L’honnêteté, j’avais besoin d’en faire preuve cette fois, et les conséquences je les laisserais venir…
Je sais que tu es plus intelligente que les autres et que tu sais… certaines choses. Je pense qu’il est tant de se dire clairement les choses, j’en assumerais les conséquences, mais je ne partirais pas sans avoir été parfaitement clair et honnête avec toi.
Je pris le verre qu’elle m’avait donné, l’avalant d’une traite histoire de me donner sans doute le courage qu’il me manquait.
Je suis responsable de la disparition de ta sœur en premier lieu, je souhaitais lui faire peur, uniquement lui faire peur pour éviter… qu’un truc stupide ne soit révélé, et comme tu le sais les principaux intéressés ont fait en sorte que rien ne reste caché… j’ai alors demandé à ce qu’on laisse ta sœur à l’entrée de la ville, je pensais qu’elle retrouverait son chemin et qu’on en reparlerait plus jamais… Je m’interrompis, quittant le sofa pour rejoindre la fenêtre donnant sur la rue, regardant sans les voir les gens qui se baladaient en contre-bas. Je ne pensais pas que les choses prendraient cette ampleur, je n’ai jamais voulu qu’elle meure, ou même qu’elle disparaisse si longtemps… les choses m’ont échappées, mais elles ont clairement commencé par ma faute. Je te dis tout ça parce que je te dois la vérité, ce qu’il y a entre nous c’est… totalement inattendu mais c’est quelque chose que je ne veux pas voir basé sur des mensonges, ou des non-dits.
Je me tournais finalement vers elle, attendant le coup de grâce malgré tout. Lancé ainsi, je préférais tout déballer, autant ne pas laisser de place au doute et surtout quitte à se faire jeter autant y aller franchement. J’ai demandé le divorce. Comme une évidence, les mots étaient sortis ainsi, cinglants, fermes. Je savais que cette information-là passerait inaperçue à travers le reste. Je soupirais, regardant mes pieds quelques secondes. Je ne m’attends pas à obtenir ton pardon, je ne le réclamerais pas… mais je suis désolé…

T'as envie qu'il parte, tu veux être seule, t'as besoin de mettre les choses au clair dans ta tête. Il y a trop de choses en ce moment. T'es fatiguée. Mais tu l'écoutes. Il ne partira pas sans t'avoir dit la vérité, alors, très bien. T'écoutes. Il avoue tout. Tu le fixes, t'as envie de pleurer mais t'as aussi envie d'hurler. T'es partagée, trop d'émotions se bousculent en toi. Il admet. Il est responsable, mais pas de tout, les choses lui ont échappées, voila. T'avais raison. Tout ça c'était à cause de l'histoire entre Julian et Cece, c'était eux qui avaient provoqué cet effet domino dont le résultat était le trou dans lequel vous aviez enterré ta soeur. D'abord Philippe qui avait voulu la faire fuir, puis Malia qui l'avait retrouvé et l'avait aidé à partir, et puis... Dieu sait ensuite ce qui s'était passé mais elle avait été tuée, ou bien elle était morte par accident... en tout cas, elle n'était plus là. Tu te sens mal, t'as un peu le tournis, le voile qui se lève sur la disparition d'Harper te donne presque la nausée. Tu le détestes de t'avoir caché ça, tu le détestes de s'en être pris à elle. Tu lui en veux. A lui. A Julian. A cette pétasse de Cece, gamine égoïste, irresponsable, inconsciente de la portée de ses actes. Et Julian. Ce traître. Et Philippe. Une part de toi est soulagée, t'as les réponses que tu cherchais, maintenant tu sais tout. Et puis, Philippe termine. Il a demandé le divorce. Il est désolé.
- T'es désolé ?
Tu le foudroies du regard, t'as repris de ta contenance, la colère revient en toi. Comme au bon vieux temps. Chassez le naturel.... Elle n'est jamais très loin, toujours quelque part au fond de toi. T'exploses.
- T'es désolé ? Super, merci Philippe, je me sens beaucoup mieux maintenant que je sais que t'es désolé d'avoir participé à l'enfer qu'à du vivre ma soeur ces derniers mois. J'suis tellement soulagée. Quand tu voulais lui faire peur t'as envoyé ce sale type qui bosse pour toi ? Comme tu l'avais fait avec moi, hein ? Elle avait 17 ans, putain ! QUEL GENRE DE PERSONNE FAIT CA ? Et pourquoi, en plus ? Cece n'avait AUCUN scrupule à sauter sur Julian, elle se foutait pas mal que ça te rende dingue ou que ça puisse vous nuire. Elle voulait juste se faire sauter et il l'a probablement fait depuis, sache le, et ils n'ont absolument pas conscience de ce qu'ils ont provoqué. J'espère que tu vas lui dire et qu'elle aura le cadavre de ma soeur sur sa conscience de petite garce. Harper ne méritait pas d'être sacrifiée pour protéger Cece. Elle était innocente !
Tu le fixes, moitié calmée, ça te fait du bien d'exprimer ta colère, tu te sens plus légère à chaque mot qui sort de ta bouche.
- Je t'en veux. Vraiment. Je te le pardonnerais jamais. Est-ce que tu pensais que demander le divorce allait changer quoi que ce soit ? Que j'allais te sauter dans les bras en te disant que c'est merveilleux ? Ca ne change rien, tu ne l'as pas fait pour moi, tu l'as fait pour toi, comme tout le reste d'ailleurs...
Tu te ressers un verre, tu toises Philippe, t'as envie qu'il parte et en même temps tu veux continuer cette discussion. C'est le moment de tout mettre à plat.

Forcément je ne peux pas m'étonner de sa réaction et je me tais, je reste le plus silencieux du monde alors qu'elle crache sa haine, sa peine et toutes les émotions par lesquelles elle doit passer maintenant. Elle me hait j'en suis sur, elle a certainement envie de me tuer, de me faire payer, de me faire mal autant qu'elle a mal... si j'avais su que les choses deviendraient si merdiques, j'aurais changé ça, j'aurais fait en sorte que la gamine soit rentrée à la maison pour le dîner... certaines choses n'étaient encore pas clairs pour moi et si j'avais chargé quelqu'un de trouver le reste de la vérité je n'étais pas plus avancé aujourd'hui. Forcément une énorme partie de sa colère allait contre ma fille... dans les faits elle n'était clairement pas blanche comme neige mais j'étais le seul responsable de ce qui était arrivé à Harper, Cece avait été une gamine idiote et égoïste oui, mais elle n'aurait pas géré les choses comme je l'avais fait... peu importe pour quelle excuse débile j'en étais arrivé là. Je pense que Harper est gravée dans ma tête, je la vois en Brionny chaque jour, dans son regard et je suppose que même si je ne l'ai pas touchée moi même... elle restera là jusqu'à la fin, peut être que ma présence auprès de Bri transpire ma culpabilité, comme une punition que je dois regarder en face... je ne suis certainement pas superstitieux et ces histoires de karma la barbe... mais finalement, peut être que cela était révélateur de l'avenir qui serait le mien. Je la laisse finir, bien sur que le divorce n'atténue rien et ce n'était pas le but de toute façon... divorcer de ma harpie de femme ne représente rien pour elle. Je reste silencieux, fixant le sol comme un enfant qu'on aurait grondé. Et finalement... Je finis par quitter ma place, allant d'un pas décidé vers l'entrée, je suppose que je voulais fuir l'affrontement, fuir mes responsabilité... encore... Je faisais finalement volte face, après tout j'avais déjà tout déballer, fuir ne changerait rien, elle me foutrait à la porte bien assez tôt.
Je suis désolé que ça en soit arrivé là, oui. Je ne minimise pas ce que j'ai fait, je sais que les actes de ma fille ont eu des conséquences plus que lourdes, son tort à elle est d'être une garce qui ne comprend rien à la vie soit, mais elle n'a pas agis dans la disparition de ta sœur... c'est moi, aussi douloureux que ça puisse être, peu importe à quel point tu te sens trahis, tout est MA faute... je suis près à l'assumer face à toi, parce que chaque fois que j'entends le nom de ta sœur... Je me stoppe, comme rappelé à l'ordre par ma petite voix intérieure qui cherche néanmoins à me protéger de ma culpabilité... Je te l'ai dit... je n'attends pas ton pardon, il n'est pas question de pardon alors que j'ai été l'une des causes de la mort d'une des personnes que tu aimes le plus au monde... mais je suppose que la vérité... c'est plus que je n'ai jamais pensé donner à qui que ce soit... et mon divorce n'est pas un lot de consolation c'est juste... Pff quoi ? Même moi je ne sais pas quoi dire par rapport à ça, trop d'honnêteté en une seule journée... je suis trop épuisé. A qui veux tu que j'en parle ? Aussi cruel que ce soit, ou même si tu dois me demander de sortir de ta vie pour toujours... j'ai que toi! Je ne sais pas pourquoi mais je ris nerveusement sur ces derniers mois, passant les mains sur mon visage comme pour me sortir d'un mauvais rêve. Je ne sais pas quoi faire... j'ai toujours tout contrôler et maintenant... je ne contrôle plus rien. Partir ? Je ne sais même plus...

Ton verre entre tes doigts, tu regardes le liquide brun dans le fond, et alors que Philippe prend la direction de l'entrée pour quitter ton appartement, tu retournes t'installer sur le canapé. Tu poses tes pieds sur la table basse, tu t'attends entendre la porte se fermer, mais non, il se retourne, reprend une tirade dans laquelle il s'octroie l'entière responsabilité de ce qui s'est passé. Tu sais qu'il a raison, mais pour toi il n'est pas le seul coupable. Cece l'est aussi. Julian pareil, même si ça te brise le coeur. Tu peux pas t'empêcher de toiser Philippe, tu l'observes avec tout le mépris que tu peux trouver en toi, parce que oui, tu le hais profondément à cet instant. Et tu le hais encore plus que tu lui faisais confiance, que votre relation n'était plus ce qu'elle était au début. Vous aviez tissé des liens forts tous les deux, basés sur un mensonge énorme, certes, mais quand même. C'était ça qui te faisait le plus mal. La vérité te soulageait, la trahison te blessait terriblement.
J'ai que toi.
Tu reposes ton verre quand tu l'entends, tu te lèves du canapé et tu fais quelques pas vers lui. Quand t'y repenses, la trahison de Philippe était bien pire que celle de Julian. Julian n'avait eu qu'une petite aventure avec Cece, mais tu lui avais reproché avec fureur tous ses mensonges. Philippe avait fait mille fois pire. T'avais été capable de foutre Julian à la porte, de lui dire que c'était terminé. Votre relation n'avait plus de sens. Sept ans à tourner en rond tous les deux. Avec Philippe t'avais retrouvé quelque chose que t'avais perdu. La flamme. Du sens. Peu importe comment ça pouvait s'appeler.
Tu t'arrêtes devant lui, t'hésites un moment.
- Je devrais te foutre dehors... tu souffles dans un soupir.
Tu passes une main dans tes cheveux. T'as pas envie d'être seule finalement. T'as besoin de quelqu'un là, tout de suite. Et lui, il n'a que toi. Alors... bon.
- J'ai besoin de quelqu'un là, maintenant, j'ai besoin qu'on m'écoute, qu'on soit là pour moi parce que c'est dur, et j'ai besoin de mettre un peu de côté tous ces.. complots et plan de vengeance parce que j'ai juste besoin de temps pour me remettre sur les rails, tu le regardes, laisses tes mots en suspend une seconde avant de reprendre, tu peux partir, fermer la porte et aller essayer d'arranger toute cette merde qui te tombe dessus, tout seul, ou tu peux rester et tenter d'être à la hauteur, de faire ce qu'il faut.. Pas d'affaires. Pas de contrats. Pas de mensonges. C'est toi qui voit, mais si tu pars car tu préfères sauver ton cul, ne reviens plus.
Tu le fixes. Tu lui laisses le choix. Partir, penser à lui. Rester, penser à toi. T'avais besoin de quelqu'un qui était prêt à faire ce choix parce que t'étais à un moment de ta vie ou clairement t'étais pas prête à passer au second plan. D'autant plus avec lui, qui à peine ta soeur enterrée t'avais demandé de jouer les agents doubles pour obtenir des informations des Aguilar et essayer d'avoir un coup d'avance sans se soucier de savoir si t'avais besoin ou non de faire ton deuil. Il te devait peut-être bien ça. Sans doute.

Très honnêtement en la voyant se lever et avancer vers moi, j'étais convaincu que j'allais m'en prendre une, je n'aurais pas lutter, je n'aurais pas essayé de la repousser, elle avait mille fois le droit de me frapper, de hurler, de me détester. Mais contre tout attente... elle avait besoin de tout autre chose, d'une présence, de quelqu'un pour porter toute la merde qu'elle avait sur les épaules et surtout de quelqu'un pour essayer de retrouver un sens à tout ça... elle me laissait le choix, partir pour de bon, tourner le dos à tout ce que nous avions réussi à construire, un semblant d'honnêteté, le reste... bref. Je n'allais pas partir, pas maintenant, pas après m'être mis à nu comme je l'avais fait, pas après avoir choisi de dire la vérité et d'en assumer les conséquences...
Je peux faire ça pour toi. Je veux rester... je n'aurais pas pris la peine de te dire la vérité si tu ne représentais rien... et même si je dois le payer d'une façon ou d'une autre. C'était ainsi, et je savais que je serais à sa merci pendant un long moment, je devrais me plier à ce qu'elle voudrait, elle aurait sans doute toujours ce pouvoir sur moi et malheureusement... je n'avais plus envie de me battre, il n'était plus question de jeux de pouvoir ou même de l'idée d'avoir des moyens de pression ou autre chose dans ce gout là. J'allais simplement être là, et je verrais avec le temps ce que cela impliquerait. Je devais définir quel serait la suite, qu'allais-je faire... divorcé, père de deux enfants, avec une maîtresse qui me hait, à qui j'ai arraché une sœur, peu importe les faits... Dis moi ce que je peux faire pour toi... je ferais au mieux... on peut oublier cette histoire avec les Aguilar, on peut simplement devenir deux personnes qui... enfin... sans plan, sans contrat... une relation aussi normale qu'elle puisse l'être... ce que tu voudras me donner. Ce n'était définitivement pas assez clair dans ma tête.... mais j'avais la vague idée qu'elle saurait me faire payer, sans doute étais-je sur le point d'être celui que l'on domine, d'une façon ou d'une autre... Je ne la toucherais pas. Elle allait définitivement me frapper si j'essayais....

Tu ne ressens aucun bien être dans cette position de force qu'il te donne, ça t'excite pas plus que ça, tu sais que tu peux lui pourrir la vie, et c'est sûr que tu vas sans doute lui en faire baver puisque t'es absolument pas prête à balayer d'un revers de la main les atrocités auxquelles il est lié. Non clairement. Tu l'observes quand il parle, tu finis par rouler des yeux, tes lèvres se pincent sous ton agacement:
- Ferme là un peu... rétorques-tu avant de retrouver ta place sur le canapé.
Philippe qui se plie en quatre pour réaliser chacun de tes désirs, clairement, c'est pas le type que t'apprécies, t'as pas envie que ça change ou qu'il se comporte comme une lavette parce qu'il a fait une connerie. OK, il a fait de la merde, clairement, et il a intérêt de se rattraper, mais c'pas en jouant les mecs dociles et en s'aplatissant devant toi que ça va arranger quoi que ce soit. Au contraire. Ca risque de plus t'énerver qu'autre chose. T'as jamais trop aimé les hommes qui manquaient de caractère. Ça t'emmerde profondément.
Tu lui fais signe qu'il peut te rejoindre, même si une partie extrêmement sadique de toi commence à se demander jusqu'où tu pourrais pousser le bouchon. Finalement c'pas de vengeance dont t'as envie, bien que ça te titille... Mais non. T'as envie d'être au calme, de penser à autre chose, de lui en vouloir et de prendre ton temps pour le faire.
- Pourquoi est-ce que t'as décidé de divorcer là, maintenant ? Comme ça ? Tu sors du commissariat et le premier truc auquel tu penses c'est demander le divorce ?
Ca te fait presque sourire, tu reprends ton verre et en boit une gorgée. Tu demandes s'il casserait facilement ou pas sur le crâne de Philippe... Tu relèves les yeux vers lui.
- Elle va te plumer mon pauvre..., ça, ça te fait rire par contre, un peu.

Je sers les dents alors qu’elle me dit de la fermer. Ça m’apprendra à vouloir faire amende honorable… même si pour le coup elle a tout les droits d’être franchement en colère contre moi… bref, je la rejoins près du canapé, prenant place dans un fauteuil près de celui-ci, je ne veux clairement pas trop de proximité, aucune envie de me prendre une baffe. Je reste silencieux, essayant de rester aussi calme que possible malgré les circonstances. Ses questions ne se font pas attendre, et quelque part je suppose que ça m’étonne… je ne pensais pas que mon divorce serait si étonnant mais sans doute avais-je un peu trop idéalisé la chose.
J’ai contacté mon avocat il y a quelques semaines afin de faire amorcer les démarches, les documents à préparer… elle ne va pas me plumer, pas sur tout du moins. Nous avons un contrat de mariage, sur lequel je me suis engagé à lui laisser la maison et l’une de mes firmes. Elle ne sera pas dans le besoin. Même si je m’attends à un minimum de résistance… elle voudra me faire chier c’est certain. Je hausse les épaules, je sais à quoi m’attendre avec elle, cela fait plus de vingt ans maintenant… mais les closes du contrat sont clairs, et sa pension sera significative. Bref, je quitte mon siège, attrapant mon verre pour me resservir un verre plus conséquent. J’en avale une gorgée en reprenant ma place. C’était inévitable. J’ai longtemps repoussé l’échéance, pour de mauvaises raisons… et après en avoir discuté longuement avec Léo… le fait que je reste à aggraver les choses. Autant y mettre un terme. Ce n’est bon pour personne… Tourner cette page aurait sans doute un goût amer malgré tout… je le saurais bien assez tôt.

Tu l'écoutes parler de son divorcer, du fait qu'il a commencé les démarches il y a déjà quelques semaines. Y a quelques semaines, toi, Malia Reeves t'avouait qu'elle avait retrouvé ta soeur aux abords de la ville après s'être faite presque battue à mort. Qu'elle l'avait soigné et lui avait permis de s'en aller. Et Philippe, lui, il négociait son divorce. C'est drôle comme les choses se croisent. Le fait de l'entendre parler de tout ça te permet vaguement de penser un peu à autre chose, même si la silhouette d'Harper reste gravée en toi. T'as l'impression que tu vas la voir débarquer d'un moment à l'autre. Tu jettes un coup d'oeil distrait vers la porte d'entrée mais rien ne se passe, aussi tu reportes ton attention sur Philippe.
- Tu discutes avec Léo maintenant ? Tu vas devenir le père de l'année si tu fais pas attention..., tu le railles un peu.
Tu lui accordes un regard plutôt taquin bien que tu restes clairement encore sur la défensive. Pfffff... Tu sais vraiment pas quoi faire. L'envie de le foutre dehors plane encore dans ta tête. Mais le besoin d'être avec quelqu'un prend définitivement le dessus. T'as pas envie d'être seule. Même si palier ta solitude nécessite d'être en présence du responsable Number 1 de la mort de ta soeur (bon ok, number 2 parce qu'il est pas son meurtrier). Ça t'emmerde, clairement, mais Philippe a pris plus de place que t'aurais souhaité. Tu le jauges.
- Ça veut dire que je ne serais plus ta maîtresse... T'y as pensé ?

Forcément sa réaction ne se fit pas attendre, alors que je pensais plutôt à voix haute, lorsqu'elle évoque Léo je suis un peu obligé de sourire malgré tout, c'est sur qu'elle est au fait de ma relation avec mon fils, tout comme elle doit en savoir plus sur lui que je n'en saurais jamais... mais c'est comme ça, et mes maigres tentatives de changer la donne ont plutôt eu un effet négatif, ce gosse me déteste et l'annonce de ma demande de divorce n'allait sans doute pas arranger les choses.
Léo me méprise... et je ne peux blâmer personne à part moi même mais ce n'est pas le plus grave... je suppose que mes récentes décisions n'amélioreront pas l'image qu'il a de son vieux père... Je souris, conscient que de toute façon si la conversation s'allège quelque peu ce n'est que parce qu'elle en a besoin. Je hausse les épaules, reprenant une gorgée de whisky, je n'ai rien avalé depuis deux jours et l'alcool me monte à la tête bien plus vite que je ne l'aurais voulu. Je grimace un peu, retirant ma veste qui me tient un peu trop chaud. Mon pauvre t-shirt blanc est la première chose que j'ai sorti et ça a fait l'affaire pour le coup... Je me laisse tomber dans mon siège, sirotant mon verre et riant légèrement à sa question. Si j'y ai pensé ? Pas du tout... Tu as peur que je te demande de vivre avec moi ? Je ris, portant mon verre à mes lèvres, il faut vraiment que je mange quelque chose. Je suppose qu'on aura plus vraiment besoin de se cacher... du moins si tu en ressens le besoin je ne suis pas pressé de m'exposer... où même si tu souhaite... continuer. Je réfléchis une seconde, balayant la pièce des yeux, je ne sais pas vraiment ce que je cherche, mais je finis par poser de nouveau les yeux sur elle. J'pense qu'on a dépassé depuis un moment le stade de la relation purement charnelle de toute façon.

Le divorce. Ça te déstabilise un peu. C'est vraiment le moment où jamais pour le foutre dehors, en finir avec lui, arrêter tout ça. T'etais bien à la place de la maîtresse. Pour le moment. T'aimais le fait de rien lui devoir. Ni a lui, ni a personne. Même si c'était qu'un semblant de liberté, t'étais pas vraiment le genre à profiter abusivement du célibat. Finalement t'étais peut-être ce genre de personne qui ne pouvait vivre autrement qu'en couple. T'avais a peine fini avec Julian que tu commençais avec Philippe une relation extra-conjugale. Son mariage te donnait l'opportunité de ne pas lui être totalement dévouée et tu te complaisais dans ce semblant d'indépendance que ça te procurait. Mais maintenant qu'il divorçait ça changeait la donne. Certes, il a raison quand il dit de que votre relation a dépassé le stade du simple rapport charnel mais de la à te montrer à son bras..... Tu le fixes longuement avant de boire une gorgée de ton verre.
- ...Je sais pas, faut que j'y réfléchisse...., tu dis, plutôt honnêtement.
Tu pinces les lèvres un instant avant de relever tes jambes pour poser tes pieds sur la table basse. T'aimerais que ce soit simple mais ça ne l'est pas. Le seul avantage c'est que ton père est déjà au courant de ce qui se trame entre vous, mais si il avait connaissance de ce qu'avait fait Philippe les choses seraient différentes. Evidemment. Tu soupires.
- Je commence à croire mon père quand il dit que je ne sais vraiment pas vous choisir, fais-tu, te riant de toi-même. Tu lui accordes un regard en biais, un peu amusé, comme si tu t'étais finalement résignée à prendre les choses avec humour. Tu te lèves.
- Tu dois mourir de faim, tu veux manger quelque chose ?

Je ressens ce goût amer déjà, celui d’une décision qui change beaucoup plus de choses que je ne l’aurais imaginé ! Je n’ai aucune envie de voir les choses changer, l’idée de ne plus avoir à se cacher voilà une chose qui ne me déplaisait pas tant que ça, l’idée de ne plus avoir à mentir, à avoir à faire face à tout un tas d’intrigue, l’idée elle-même était reposante, au-delà de ça je n’imaginais pas vraiment que ce serait si différent de ce que nous avions déjà. Sa réponse me laissa quelque peu pensif mais je chassais cela de mon esprit. Après tout ce n’était pas quelque chose dont nous avions à nous préoccuper pour le moment, cette procédure serait sans doute longue… et m’afficher au bras d’une femme ayant la moitié de mon âge ne serait pas judicieux dans l’immédiat. Je reprenais une gorgée de mon verre, retenant une envie de rire à ses mots.
Tu le pense réellement ? Je ne crois pas que ce soit vrai, tu es une jeune femme intelligente, tes choix ne sont jamais fait au hasard. C’était une chose dont j’étais plutôt convaincu. Je me redressais à sa proposition, oh oui je mourrais de faim… même si je n’imaginais pas jusque là qu’elle me laisserait rester. Absolument ! Je pourrais manger n’importe quoi ! J’avais refusé catégoriquement la bouffe de la station et je n’avais pas forcément pensé à manger jusqu’à mon arrivée ici. J’avais eu besoin de venir, de m’excuser pour ce weekend raté, et au final j’avais du faire face à mes vieux démons, à toutes mes erreurs, mais finalement c’était l’idéal, je me sentais malgré tout soulagé qu’elle sache la vérité et ses décisions à venir seraient basées sur une connaissance parfaite des événements…