I need a girl like you - ft Dimitri

# En effet, tu vas connaître toute ma plomberie sur le bout des doigts. # insista t-il tout aussi gauchement sur ce dernier mot choisi. Il était bon de plaisanter et d'être salace. Elio l'avait toujours été, mais ici et maintenant tout avait une autre saveur. Cela avait le goût de l'interdit enfin bravé. Il n'avait jamais souffert de ce manque, mais il était bon pour l'adolescent perdu qu'il avait été d'enfin laisser vivre cette chose étrange qui sommeillait entre ses reins. L'adolescent qu'il avait été le remerciait, car il en avait souffert, peut-être pas longtemps, mais c'est toujours difficile de se sentir différent alors que l'on peut l'être déjà par un handicap. D'être loin des normes et des standards. Car, si Elio criait à qui veut l'entendre qu'il détestait rentrer un moule ou une casse. On veut tous rejoindre le troupeau en fin de compte. On se sent protéger et en sécurité. Le troupeau vous tient chaud et vous rassure, et qui veut être seul en ce monde ?

3 mois ! C'est bien les mots qu'il avait prononcé. C'était pourtant choquant de les lire sur les lèvres de son meilleur. Cela donnait une réalité amère pour l'homme qu'il n'avait jamais eu de problème avec la sexualité. On pouvait dire qu'il était obsédé ou alors tout à fait basique comme Homme. La réponse à cette question était dans les livres et dans les codes. Pour lui, Elio était simplement lui. Il n'y avait rien de choquant ou de dégradant. Il n'avait jamais forcé Theresa et avait toujours respecté ses besoins. Peut-être qu'il l'avait fait trop bien et c'était bien ici le problème. Quand le désir s'évapore comme de l'alcool qui flambe dans une poêle brûlante. # Si je gagne, tu vas avoir alors plutôt de la chance. Cela va pas te prendre trop de ton temps. # Il leva les yeux au plafond. Il laissa Dimitri se moquer de lui scandaleusement. Il approcha ses lèvres du goulot dégoulinant avec ce regard pervers complètement maîtrisé. Il laissa la mousse disparaître par ses aspirations avant de laisser la mousse dégouliner et pénétrer sa barbe hirsute. # Ah, oui, cela va finir comme cela, d'après toi ? #

« Je pense aussi que l'alcool est une mauvaise idée. Je veux dire, on peut prendre une bière pour se détendre, mais si je bois comme j'ai l'habitude de boire je saurais que je ne suis pas moi-même. On va peut-être regretter tout cela, mais j'ai envie de le regretter de façon sobre. L'alcool c'est toujours la mauvaise solution. La solution de facilité. » Dimitri connaissait son historique avec l'alcool. Il n'avait pas besoin de faire des longs discours. L"amusement était toujours une excuse plutôt facile, mais aussi les mois difficiles à payer les factures, ou encore les engueulades perpétuelles avec Thérésa. Dans d'autres régions ou d'autres classes sociales, il serait traité d'alcoolique. Il l'était peut-être. Il ne s'était jamais vraiment posé la question. « Si, je dois prendre un chemin avec toi, je ne veux jamais prendre celui qui est le plus facile. Tu vaux bien mieux que cela, bunny. »  Il agita sa tête comme le canasson têtu qu'il était, ou plutôt le canasson réaliste. Il n'était pas possible de revenir en arrière, même s'il n'avait pas brisé le tabou de la sexualité. Ou, plutôt la vérité c'était que Elio ne voulait pas revenir en arrière. Il serait toujours ami avec Dimitri. Cela ne changerait jamais et cela jusqu'à sa mort, mais ces sentiments, ces choses qu'il avait tant refoulés, il ne pourrait plus jamais les enterrer à nouveau.

Elio sortit du bar avec son plus beau sourire même s'il avait l'impression d'avoir été percuté par un trois tonnes. Il avait du sang séché le long de la tempe et de la joue. Ses cheveux empestaient la bière et sa chemise en flanelle préférée était arrachée en trois parties. Sa lèvre était amochée, mais loin d'être mourante. Il s'étira et fit craquer les os de sa nuque fragile. Il aurait pu s'asseoir sur les corps pour boire sa bière comme Dimitri lui avait fait remarqué. Cependant, il n'avait pas envie de perdre une seconde dans un bar de ce genre et surtout l'excuse du pari qui était maintenant repoussé, même voir annulé. # Je suis sur que tu as fait exprès de les allumer pour pas avoir à me sucer. # lui signa t-il avec humour.
Il s'avança ensuite vers son 4x4 toujours en panne et donna un coup de pied contre le pneu. # Bon, on fait quoi maintenant, bunny ? # Il appuya sur ses blessures  et poussa un léger grognement, même s'il adorait cette sensation. Il était un fauve qui aimait les combats et cela avait attisé son sang. Il se sentait invincible. Cela ne l'empêchait pas de se demander où en était ce maudit dépanneur. Il se mit au milieu de la route et fixa l'horizon. Il se demanda s'il devait à nouveau l'appeler. Il sortit son portable et commença à regarder l'écran pour voir s'il n'avait pas de nouveaux messages.